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Lundi 29/12/2025

Brigitte Bardot, de la femme étourdissante à l’étourdissement avant l’abattage

Décédée dimanche, Brigitte Bardot est à l’origine des décrets ayant mis fin à la saignée des animaux d’élevage sans étourdissement préalable... sauf dérogation dans le cadre des abattages casher et halal, hors agriculture biologique. Selon l’OABA, il existe des méthodes d’insensibilisation compatibles avec les rites religieux.

« Mon attention a été appelée sur les conditions dans lesquelles seraient insuffisamment appliqués des décrets de 1964 et 1970 visant à éviter les souffrances inutiles que supportent les animaux d’abattoirs. Il s’agit d’un problème qui atteint la sensibilité de notre société et à propos duquel une action déterminée me paraît indispensable. Je vous prie de bien vouloir prendre les dispositions nécessaires pour que cette question puisse recevoir une solution qui évite de pénibles souffrances pour les animaux ». C’est ce qu’écrit le président de la République Valéry Giscard d’Estaing le 24 juillet 1975 au ministre de l’Agriculture Christian Bonnet.

Brigitte Bardot, avec d’autres militants de la cause animale, dont ceux de l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs (OABA), association française dédiée à la protection des animaux de ferme, depuis leur élevage jusqu’à leur abattage, est à l’origine des décrets ayant mis fin à la saignée des animaux d’élevage sans étourdissement préalable. Dès 1962, alors âgée » de 28 ans, « horrifiée » par des clichés montrant des égorgements d’animaux conscients, elle dénonce dans l’émission télévisée Cinq Colonnes à la Une « des traitements dignes du Moyen-Âge » et elle réclame l’utilisation d’un pistolet d’abattage pour insensibiliser les animaux avant qu’ils ne soient saignés, ce qui sera formalisé dans le décret dit « d’abattage humanitaire » en 1964 imposant le principe de l’étourdissement. Mais il faudra attendre plus de dix ans pour acter leur usage effectif. C’est aussi sous le mandat de Giscard d’Estaing que la France renoncera à importer des peaux de phoque, toujours sous l’impulsion de l’actrice.

L’abattage rituel, toujours sur la sellette

Brigitte Bardot mettra fin à sa carrière artistique en 1973 pour se consacrer à la cause animale, en mettant ses biens et sa notoriété au service de sa fondation éponyme, combattant vivisection, abandons, chasse, fourrure, gavage, corrida etc., encaissant quolibets (« BB-phoque ») mais lui valant aussi des sorties racistes, à l’origine de plusieurs condamnations.

En 2025, en ce qui concerne le sort réservé aux animaux d’élevage à l'abattoir, les dérogations à l’étourdissement préalable à l’égorgement pour motifs rituels restent la règle, ce que combat l’OABA, qui affirme que l’agonie peut durer plusieurs minutes, jusqu’à une dizaine dans le cas des bovins. Ce référant à l’Ordre des vétérinaires, « cela entraine un stress important et une douleur certaine chez les animaux concernés », écrit l’association. « Dans certains pays, en Indonésie et en Malaisie par exemple, à majorité musulmane, les autorités religieuses autorisent l’étourdissement préalable à la saignée. Un compromis dit « de soulagement post-jugulation » où l’animal est étourdi juste après son égorgement, permet de lui faire perdre conscience après le geste rituel et lui évite ainsi une trop longue agonie. Ce compromis est pratiqué dans certains pays européens et est accepté par les autorités cultuelles juives », l'OABA citant l'Autriche, l'Estonie, la Grèce et la Lettonie.