Bruno Le Maire : « Le revenu, c’est la condition d’attractivité du métier »

En visite au Salon de l’agriculture, le ministre de l’Economie a fixé au 15 mars l’entrée en vigueur d’un accord « collectif » sur les négociations commerciales, affirmant que les revenus des agriculteurs étaient « protégés » par la loi Egalim, tout en se disant prêt à l’améliorer si des propositions étaient faites pendant le Salon.

Après le président de la République le jour de l’ouverture et la Première ministre lundi, c’est l’argentier du gouvernement qui s’est rendu ce 2 mars au Salon de l’agriculture. Le ministre de l’Economie et des finances a redit « son attachement profond » au monde agricole, qu’il a côtoyé de près pendant trois ans en tant que ministre de l’Agriculture (2009-2012).

"Nous sommes le seul pays en Europe à avoir un dispositif de protection du revenu des producteurs"

Au lendemain de la fin des négociations commerciales entre industriels et distributeurs, Bruno Le Maire a appelé les deux parties à conclure, « dans les prochains jours, un accord collectif sur un certain nombre de produits aux prix les plus bas possible, avec une entrée en vigueur le 15 mars ».

Au détriment des agriculteurs ? « Il y a un dispositif qui s’appelle la loi Egalim, a rappelé le ministre. Nous sommes le seul pays en Europe à avoir un dispositif de protection du revenu des producteurs, qui a prouvé son efficacité mais s’il y a des propositions ici au Salon de l’agriculture de renforcement de cette loi, nous sommes prêts à travailler dessus. Il ne s’agit pas d’avoir les prix les plus bas possibles sur tous les produits sans exception, il faut juste offrir une porte de sortie à tous les consommateurs qui aujourd’hui peinent à boucler les fins de mois ».

Le ministre de l’Economie, aux côtés de Michel Van Simmertier, l’éleveur d’Ovalie et de Jean-Luc Poulain, président du Salon de l’agriculture
Le ministre de l’Economie, aux côtés de Michel Van Simmertier, l’éleveur d’Ovalie et de Jean-Luc Poulain, président du Salon de l’agriculture

Bruno Le Maire a affirmé que l’inflation n’avait pas « vocation à durer éternellement ». « Nous pensons que l’inflation va refluer à partir de la mi-2023, ce qui ne veut pas dire que les prix vont brutalement baisser », a-t-il prévenu. Le ministre de l’Economie ne veut entendre parler de « mars rouge », une expression qualifiée de « commode pour dissimuler des hausses qui pourraient ne pas avoir lieu ». Le ministre a renvoyé distributeurs et industriels dos à dos. « Il y a eu de bons résultats qui ont été faits par les distributeurs, tant mieux, a-t-il affirmé. Il faut qu’ils puissent s’engager à prendre un peu sur leurs marges pour pouvoir garantir des prix encore plus bas que ce qui est fait aujourd’hui et puis nous verrons s’il y a un certain d’industriels, je ne pense pas forcément aux petites PME et TPE de l’industrie agroalimentaire, il peut y avoir des gros industriels qui ont des marges suffisantes pour eux aussi contribuer à cette baisse des prix ».

"Nous voulons protéger le revenu des agriculteurs, c’est important pour maintenant et c’est encore plus important pour demain, pour l’installation des jeunes agriculteurs"

Ni panier anti-inflation ni chèque alimentaire ciblant les plus démunis au menu de la visite ministérielle. « Quand vous êtes une famille de la classe moyenne, où les deux parents travaillent, vous avez deux ou trois enfants à nourrir, l’augmentation des prix de l’alimentation, le prix des pâtes, le prix du beurre, de l’huile, ça pèse sur le pouvoir d’achat de tous nos compatriotes », a dit le ministre. « Je ne suis pas favorable à un dispositif qui soit trop ciblé », a-t-il ajouté, dans ce qui ressemble à un enterrement de première classe au chèque alimentaire, défendu par la FNSEA, espérant déposséder la grande distribution d'une arme à la guerre des prix. « Que l’on aide plus spécifiquement les personnes les plus modestes, ceux qui  n’ont pas de revenu, ceux qui ont des revenus très faibles, notamment en apportant un soutien supplémentaire, aux banques alimentaires, aux Restos du cœur, ça bien entendu », a dit Bruno Le Maire.

"Un des enjeux les plus importants de l’agriculture française aujourd’hui, c’est l’installation des jeunes, c’est qu’il y ait encore des jeunes, qui aient envie de faire ce métier formidable"

Bruno Le Maire s’est livré à un véritable plaidoyer en faveur de notre agriculture et de nos agriculteurs. « Je pense qu’il est indispensable pour garantir notre indépendance alimentaire, indispensable pour garantir notre souveraineté, indispensable pour l’aménagement des paysages (...) Je crois qu’un des enjeux les plus importants de l’agriculture française aujourd’hui, c’est l’installation des jeunes, c’est qu’il y ait encore des jeunes, qui aient envie de faire ce métier formidable, d’éleveur, de producteur de lait, de producteur de fruits et légumes. Cela demande de leur garantir un bon revenu. C’est important pour maintenant et pour demain. Le revenu, c’est la condition d’attractivité du métier (...)  La France ne serait pas la France sans les agriculteurs », a-t-il conclu.