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Circonscrite, la dermatose nodulaire contagieuse couve toujours
Le nombre de foyers s’établit à 51 en date du 30 juillet, toujours localisés dans les deux départements savoyards. Un tiers des 310.000 bovins situés dans la zone réglementée ont été vaccinés tandis qu’environ un millier a été abattu.
« Il est encore un peu tôt pour dire si la propagation ralentit ». C’est ce qu’affirmait ce jeudi le ministère de l’Agriculture à l’occasion d’un point presse dédié à la gestion sanitaire de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Quatre semaines après la détection du premier foyer sur le sol français, 51 foyers étaient recensés en date du 30 juillet, 24 en Savoie et 27 en Haute-Savoie, la zone réglementée de 50 km autour des foyers débordant sur l’Ain et l’Isère.
Une maladie « très grave »
La maladie virale, transmise par des piqures de mouches hématophages d’un bovin contaminé à un bovin sains, est qualifiée de « très grave » par le ministère, et classée comme telle dans la nomenclature européenne, soit le 5ème et dernier grade, justifiant son éradication. La maladie se manifeste mais des nodules très douloureux sur toutes les parties corporelles, évoluant sous forme d’ulcères. Il n’existe pas de traitement. Le taux de mortalité est d’environ 10% et les animaux en réchappant conservent des séquelles, avec notamment des difficultés à s’alimenter. Aux côtés de ces cas sévères cohabitent des animaux subcliniques manifestant des symptômes frustes mais constituent des réservoirs insidieux de la maladie.
Un double temps de latence
Si le ministère a passé commande de vaccins auprès de la banque de l’UE à peine 48 heures après la détection du premier foyer et si la vaccination a démarré effectivement le 19 juillet, grâce à la mobilisation des services de l’Etat et des vétérinaires, dont de jeunes diplômés, mobilisés 7 jours sur 7, les effets la lutte contre la DNC sont suspendus à la période d’incubation de la maladie, longue de 28 jours, tandis que le vaccin assure la protection complète des animaux 21 jours seulement après la mono-injection.
Au 30 juillet, un tiers des 310.000 bovins situés dans la zone réglementée ont été vaccinés tandis qu’environ un millier a été abattu, le dépeuplement total des troupeaux ayant été décrété dès lors qu’un animal est contaminé, une stratégie arrêté de la réunion extraordinaire du Comité national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale, le 16 juillet dernier, contestée par la Confédération paysanne et la Coordination rurale.
Autre signe de mobilisation des services de l’Etat : les prélèvements réalisés sur les animaux suspects sont désormais analysés dans les laboratoires départementaux de l’Ain et de la Savoie, que les autorités se sont empressées de faire agréer pour accélérer la procédure qui jusqu’alors, passait par le laboratoire national de référence pour la DNC, situé au Cirad à Montpellier (Hérault). La capacité d’analyses quotidiennes est de 300 tests, soit bien davantage les besoins, affirme le ministère.
Les restrictions de mouvement des animaux, le dépeuplement et la vaccination, alliées à la distance de vol limitée à 5 km des insectes vecteurs qui véhiculent le virus par leurs pièces buccales, , limitant à quelques heures leur caractère infectieux, laisse espérer une contention de la maladie dans une zone stabilisée maintenant depuis maintenant une dizaine de jours. Mais il faudra encore attendre quelques semaines pour entrevoir l’espoir d’une rémission, avant une éradication encore hypothétique à ce jour.
Accompagnement psychologique et financier
Face au sacrifice consenti par les éleveurs, au nom de l’intérêt collectif, qui va bien au-delà de la zone réglementée compte tenu des enjeux sanitaires et économique de l’épizootie, le ministère de l’Agriculture a mis un place un accompagnement psychologique.
Au plan financier, il s’est engagé à verser une avance de trésorerie basée sur la valeur réelle de chaque animal abattu, en attendant l’expertise exhaustive du préjudice. Les premiers versements seront réalisés « dès la fin de cette semaine », indique le ministère. Ce dernier a par ailleurs annoncé l’allongement de la période d’improductivité prise en compte dans le calcul de l’indemnisation globale. La période d’indemnisation du déficit momentané de production, qui était actuellement de 3 mois maximum pour les élevages laitiers, et de 12 mois maximum pour les élevages allaitants, est désormais augmentée de la durée d’interdiction de remise en place des animaux, sachant que celle-ci ne pourra intervenir que 45 jours après la levée de la zone réglementée.
De son côté, l’Institut de l’élevage a créé une page dédiée à la maladie bovine, riche de nombreux conseils pour renforcer la biosécurité, identifier les symptômes, signaler les cas suspects, comprendre les enjeux de la vaccination, obligatoire (et prise en charge par l’Etat) dans la zone réglementée. La page renvoie à de nombreux documents, dont les fiches « réflexe » et « biosécurité » de GDS France.
La DNC n’est pas transmissible à l’Homme, ni par contact avec des bovins infectés, ni par la consommation de produits issus de bovins contaminés, ni par piqûres d’insectes vecteurs. La vaccination n’a aucun effet sur la qualité du lait et de la viande.