Comptes de l’agriculture 2022 : prix en hausse, volumes en baisse

La production agricole hors subventions a progressé de 16,6% en valeur, sous l’effet d’une hausse des prix de 17,3%, les volumes se contractant de 0,6%. Les céréales ont souffert des conditions climatiques tandis que la décapitalisation et l’Influenza aviaire plombent les productions animales.

La Commission des comptes de l’agriculture de la nation (CCAN) a publié le 6 juillet, les comptes provisoires de l’agriculture pour l’année 2022, une estimation « particulièrement ardue entre les effets climatiques et les hausses de prix induites par la sortie de la crise sanitaire puis la guerre en Ukraine ». La CCAN pointe une difficulté particulière relative aux consommations intermédiaires, sujettes à d’ « éventuels comportements d’optimisation des dépenses face à la hausse inhabituelle et sans équivalent dans le passé récent du prix des intrants ».

Des évolutions très contrastées en productions végétales

La production végétale croît de 17,4% en valeur (après +13,9 % en 2021). Les conditions météorologiques extrêmement chaudes et sèches de l’été ont fortement pénalisé les récoltes de céréales, protéagineux, betteraves et pommes de terre. La production de céréales diminue ainsi de 11% en volume (après +17,8%). Les prix des céréales sont en nette augmentation sur l’année (+ 24 % après +31,8 %). A l’effet des mauvaises récoltes, en France et dans la plupart des pays d’Europe, s’ajoutent ceux de la guerre en Ukraine, qui fragilise les approvisionnements, alors que la demande mondiale est dynamique. A l’inverse, la production de vin en volume rebondit fortement (+ 34,9% après -17,4%). La production de fruits connaît un rattrapage, après la très mauvaise année 2021 (+ 20,8 % en volume, après -17,2 %).

Les productions animales à la peine

La production animale croît de 17,5% en valeur (après +1,9 % en 2021). Ceci provient de l’augmentation des prix (+ 23,3%) , tandis que la production se replie en volume (- 4,7 %). En France comme en Europe, le cheptel bovin diminue tendanciellement depuis 2016, première année de la fin des quotas laitiers. La décapitalisation du cheptel porcin et ovin se poursuit également. Les volailles sont touchées par le retour de l’épizootie d’Influenza aviaire. Dans le même temps, la demande est dynamique, en particulier pour les bovins, les produits laitiers et les œufs.

Les prix des intrants s’envolent

Les consommations intermédiaires augmentent nettement en valeur (+15,7 % après + 4,8 %), sous l’effet de la hausse des prix (+ 22% après + 2,7%). Premier poste de dépense, les achats d’aliments pour animaux (hors produits agricoles intra-consommés) progressent de 16,4% en valeur. Les difficultés à nourrir les bêtes ont pu amplifier les ventes du cheptel, aussi les dépenses d’achats pour animaux diminuent sensiblement en volume (- 6,6%). Les prix de l’’énergie s’élèvent de + 40,6%. Liés aux prix du gaz, ceux des engrais bondissent de 79,7%. Ces fortes hausses de prix ayant pu entraîner des renoncements d’achats, le montant des consommations intermédiaires totales diminue de – 5,2 % en volume.

Valeur ajoutée et subventions

En 2022, la valeur ajoutée brute de la branche agricole progresse fortement (+ 17,3%), du fait de l’augmentation de la production au prix de base (+16,4%), et par l’appréciation du prix de celle-ci (+17,3%).

Les subventions d’exploitation (hors subventions sur les produits) s’élèvent à 8,2 milliards d’euros, en baisse de 8,5% par rapport à 2021. Cette réduction provient pour l’essentiel de l’arrêt des versements du fonds de solidarité pour les entreprises face à l’épidémie de Covid-19.

La valeur ajoutée brute au coût des facteurs augmenterait de 12,3 % en 2022. L’’emploi agricole continue tendanciellement de décroître, au rythme de - 0,5% en 2022. La réduction de l’emploi non salarié se poursuit (– 2%), tandis que l’emploi salarié progresse légèrement (+1,7%). Dès lors, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs de la branche agricole par actif augmenterait de 12,8 %. En termes réels, elle croîtrait de 9,6 % après +13,1 % en 2021.

Production agricole, consommations intermédiaires, valeur ajoutée et subventions aux exploitations pour l’année 2022 (Source : Commission des comptes de l’agriculture de la nation)
Production agricole, consommations intermédiaires, valeur ajoutée et subventions aux exploitations pour l’année 2022 (Source : Commission des comptes de l’agriculture de la nation)