Crise viticole : vers l’arrachage définitif de 30.000 hectares

Le ministère de l’Agriculture a notifié à la Commission européenne un dispositif de restructuration du vignoble créditant de 4000 €/ha les surfaces définitivement soustraites à la production de vin. En attente de validation par Bruxelles d’ici à quelques semaines.

« La France a notifié ce jour à la Commission un dispositif de réduction définitive du potentiel viticole qui constitue le premier volet de réponses aux difficultés structurelles rencontrées par le secteur viticole », telle est l’annonce faite par le ministère de l’Agriculture dans un communiqué daté du 19 septembre. D’un montant « pouvant atteindre » jusqu’à 4000€/ha, « l’aide serait octroyée pour les agriculteurs qui abandonnent, sur les surfaces ainsi arrachées, la production d’autorisation de replantation, et qui renoncent également à mobiliser ou à demander, pendant les six campagnes viticoles 2024 à 2029 incluses, des autorisations de plantation nouvelles », précise le ministère, qui attend la validation de Bruxelles avant de confier à FranceAgriMer l’ouverture d’un guichet d’aide dédié.

Redevenue première productrice mondiale de vin en 2023, la filière viticole française est confrontée à une surproduction sur fond de déconsommation, affectant rouges, blancs, rosés, tranquilles ou effervescents, à des degrés certes variables, mais n’épargnant aucune catégorie de vin, un phénomène auquel n’échappent pas nos voisins et compétiteurs espagnol et italien.

En début d’année, le gouvernement avait annoncé la mise en œuvre d’un double dispositif d’aide conjoncturelle et structurelle, fléchant 80 millions d’euros de soutien aux trésoreries et potentiellement 150 millions d’euros pour arracher et restructurer le vignoble.

En mai dernier, le ministère de l’Agriculture avait lancé une enquête pour jauger les intentions des viticulteurs, auxquels étaient soumis une proposition d’arrachage, ou temporaire ou définitif, assortie respectivement d’une aide de 2500€/ha et 4000€/ha.

Le dispositif, ramené finalement à 120 millions d’euros, constitue « le premier volet de réponses aux difficultés structurelles rencontrées par le secteur viticole », indique le ministère de l’Agriculture. Bruxelles doit encore le valider dans les semaines à venir, en le faisant reposer sur le cadre réglementaire des aides « Ukraine », les primes à l’arrachage ayant disparu du lexique et du droit européens.

« Ce dispositif vient ainsi apporter une réponse structurelle à la crise de marché rencontrée par la filière agricole, du fait en particulier de la guerre en Ukraine, et contribuera à équilibrer et à mieux calibrer sur le long terme les volumes mis en production par rapport à l’évolution de la consommation » conclut le ministère de l’Agriculture.

En 2023, le gouvernement a alloué 200 millions d’euros alloués à une distillation de crise, ayant permis de sortir du marché quelque 4,4Mhl de vin, équivalant à 10% d’une vendange moyenne, s’ajoutant à mesures de conversion de restructuration des prêts au travers du glissement des Prêts garantis par l’Etat (PGE) en prêt bonifiés.