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Mercredi 05/11/2025
Enfilez vos bottes, le réalisateur Éric Le Roch vous emmène dans le quotidien des agriculteurs le temps d’un film
Avant les moissons, après les vêlages, entre les réunions et les fêtes agricoles, le film "Semer et récolter" s’installe dans le rythme agricole : celui des fermes, des gestes, des transmissions. Une année filmée au plus près du travail, dans la continuité des jours.
Dans le Perche-Gouët, trois familles agricoles ont accepté d’être filmées pendant un an par Éric Le Roch. Mathias et Mathieu Jauneau, associés sur une exploitation laitière de 147 hectares ; la famille Guéret, qui élève elle aussi des vaches laitières et dont la ferme est tournée vers la méthanisation et enfin Justine Campion, éleveuse caprine à la tête de sa propre structure. Le réalisateur, lui-même habitant du territoire, a choisi une approche sans voix off, sans commentaire, sans mise en scène. Ce film n’a pas pour vocation d’être une vulgarisation de l’agriculture. C'est une immersion dans le quotidien de ces trois familles. Le spectateur entre dans les fermes, partage les journées, assiste aux discussions, aux imprévus et aux routines. Les séquences s’enchaînent sans effet de montage, sans mise en avant d'événements spectaculaires pour capter le public.
Éric Le Roch capte aussi la lenteur du temps qui passe, les mêmes gestes répétés encore et encore. Il suit simplement le cycle de l’agriculture au rythme des saisons, de jour comme de nuit. En été, le rythme est soutenu : moisson, organisation, récolte, soin des animaux, dernières préparations pour les concours, fêtes agricoles, conduite d’engins. Puis vient l’hiver. Chez Justine, les marchés ralentissent mais les travaux dans la chèvrerie - stoppés par la haute saison - reprennent de plus belle. François entretient ses outils tandis que Mathias et Mathieu démolissent l’ancien bâtiment appartenant aux grands-parents pour le reconstruire et le moderniser. La cadence change mais le travail ne s’interrompt pas.
Voir aussi : "Semer et récolter" : les dates de la tournée du film !
Une communauté bien ancrée dans le métier
Ce sentiment d’isolement, d’être au milieu de nulle part, revient régulièrement. Les fermes sont éloignées les unes des autres, le travail s’effectue souvent seul à bord des machines agricoles, sur les routes et dans les bâtiments. Pourtant, les échanges sont là : des achats sont organisés à plusieurs pour amortir les frais, du matériel passe d’une exploitation à l’autre, les ensilages se font à plusieurs. Même le champ de betterave sucrière est divisé entre cinq exploitations pour faciliter le travail. Chaque tonnage est ensuite réparti équitablement entre les éleveurs. Enfin, les moments de vie ponctuent l’année : les fêtes agricoles, un mariage, l'anniversaire du grand-père de Mathias et Mathieu, un bingo ou encore les collations bien méritées pour récompenser l'effort des travaux dans les champs. La vie de famille est omniprésente, les parents s'organisent pour être davantage avec leurs enfants qui sont tout sourire. Les adolescents se croisent lors des concours ou des fêtes.
Des gestes qui passent d'une génération à l'autre
Mathias et Mathieu ont repris l’exploitation de leurs parents, Jeanne et Raymond. Ensemble, ils regardent leurs enfants manœuvrer des tracteurs, des moissonneuses-batteuses et autres presse à fourrages qui défilent sous leurs yeux. La jeune génération prend elle aussi la relève. Raphaël, 11 ans, sait déjà préparer les machines pour aider son père Mathieu. En tenue de travail, il aide à la traite le matin et le soir. Victoire (la fille de François) a sa propre crémerie, transforme 70 000 litres de lait et a reçu la médaille d’or pour sa crème fraîche au concours international de Lyon en 2024. Manon, sa sœur, est responsable d’exploitation en vaches laitières. Les enfants de Mathieu ne sont pas en reste, Chloé 17 ans et Léa 13 ans, envisagent de s’associer plus tard. Enfin, Jane 1 an, la cadette de Mathias n’est pas très à l’aise en marchant, elle déambule clopin-clopant entre les tracteurs, des machines qui ne lui semblent guère l'impressionner ! Si la transmission se joue souvent dans le cercle familial, les agriculteurs organisent aussi des portes ouvertes pour faire découvrir leur quotidien.
Des grands-parents aux petits-enfants, de l’hiver à l’été, Éric Le Roch filme une année de travail dans le Perche-Gouët. Il suit les gestes quotidiens, les échanges entre fermes, les fêtes partagées, les enfants qui apprennent, les adultes qui transmettent. Sans mise en scène, le film laisse apparaître ce qui se joue dans les silences, dans les routines, dans les saisons. Une immersion dans un métier qui se vit autant qu’il se travaille.
