[Enquête] Coût d’achat, taux de subvention, prix gonflés : existe-t-il une corrélation entre eux ?

On entend souvent dans la campagne française que les marchands de matériels gonflent leurs prix en présence de subventions publiques généreuses. Mais qu’en est-il vraiment ? La FNCuma a mené l’enquête.

Existe-t-il une corrélation entre le prix des matériels neufs et le montant des subventions publiques accordées lors de leur acquisition ? Pour tenter de répondre à cette question qui revient fréquemment dans la campagne, l’équipe de la FNCuma a analysé soigneusement les comptabilités de bon nombre de Cuma et les taux de subventions accordées par type de matériel par les conseils régionaux. Soucieuse de ne pas fausser les résultats à cause de l’inflation survenue en 2023, elle a retenu les chiffres de 2020 à 2022 pour mener à bien cette étude. 

Afin d’être la plus précise possible, la FNCuma a mené l’enquête sur plus de 1300 machines (bineuses, herses étrilles, rouleaux, télescopiques et tracteurs.) La période étudiée rentre dans le programme de subvention du plan d’aide établi entre 2015 et 2022 par les différentes régions de France, en lien avec le Feader. Le constat de départ est simple : les prix des matériels passent du simple au double, voire au triple pour certains outils, en fonction des régions. Pour exemple, le prix moyen d’un chargeur télescopique est de 97.311 euros en région Centre-Val de Loire, quand il descend à 67 906 euros en Bretagne pour un modèle équivalent. 

Grosse disparité relevée également sur les tracteurs, où la gamme étudiée se situe sur des modèles allant de 150 à 180 ch. Pour un modèle compris dans cette puissance, il faut compter 133.054 euros de moyenne en région Grand-Est quand 106.367 euros suffisent en Nouvelle-Aquitaine. 

Pas de corrélation immédiate

Effectivement, ces quelques chiffres démontrent une forte variabilité entre les régions. Mais prenons l’exemple d’un outil de désherbage mécanique, la bineuse six rangs, sans caméra. Il s’agit là d’un matériel fortement subventionné sur la période étudiée pour répondre à la politique de baisse de l’usage des produits phytosanitaires.

La FNCuma a relevé un écart du prix d’achat qui va presque du simple au double entre les régions Bourgogne-Franche-Comté et les Hauts-de-France. Certes, les subventions sont respectivement de 40% et 60% dans ces deux régions. On pourrait donc laisser entendre que les prix supérieurs dans le nord de la France sont corrélés avec le taux de subvention accordé par cette région. Mais en Nouvelle-Aquitaine, ce même outil, soutenu par des aides de même niveau, est 9 % moins cher que le tarif moyen national. Difficile donc d’établir une corrélation. « Les raisons de ces disparités semblent donc être situées ailleurs », écrit la FNCuma. 

D'autres facteurs à prendre en considération

Pour la fédération nationale, les facteurs qui influent sur le prix des matériels sont d’une autre nature. Comme sur tous les marchés, la loi de l’offre et la demande régit bien souvent le prix. Le matériel agricole n’échappe pas à cette règle. Si nous revenons sur le télescopique, c’est bien en terre bretonne, très concernée par l’élevage, que les agriculteurs bénéficient des meilleurs tarifs. C’est aussi la région où on recense le plus grand nombre d’immatriculations de ce type de matériels. Autre point, la relation constructeur/concessionnaire et les volumes écoulés. Il est évident qu’un concessionnaire bien implanté, disposant d’un nombre important de bases sur un secteur géographique étendu est plus à même d’écouler des volumes importants de matériels neufs. Il bénéficie ainsi de prix plus compétitifs de la part des constructeurs. 

La question de la concurrence locale, avec la présence ou non de nombreux concessionnaires est également prise en considération sur la construction du prix, tout comme le nombre de concessionnaires proposant la marque localement. « C’est davantage sur le couple constructeur/concessionnaire que l’on peut s’interroger », conclut la FNCuma.