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Éric Mahaut : « L’agriculture de précision m’a permis d’économiser et de mieux produire »
Économiser sans sacrifier les rendements, voilà le défi que relève aujourd’hui l’agriculture de précision. Grâce à une connaissance pointue des ses sols et des apports ciblés, Éric Mahaut a réussi à transformer sa façon de cultiver ses 210 hectares. Un changement qui allie efficacité, maîtrise des coûts et transmission sereine de l’exploitation.
Sur son exploitation de 210 hectares à Verneuil-sur-Avre, dans l’Eure, Éric Mahaut a longtemps épandu ses engrais de manière uniforme, malgré une grande diversité des sols. « Je faisais les choses un peu trop systématiquement », reconnaît-il. Sans tenir compte des différences à l’intérieur des parcelles, ni des variations profondes du sol, cette méthode atteignait ses limites. « Je ne comprenais plus trop ce que je faisais », ajoute-t-il.
Arrêter le gaspillage d’engrais grâce la cartographie des sols
Pour relever ce défi, il s’est tourné dès 2014 vers Be Api, un réseau coopératif français spécialisé dans l’agriculture de précision. Cette structure accompagne plus de 2 500 agriculteurs et gère le diagnostic de plus de 350 000 hectares à travers la France. L’objectif : affiner la gestion des sols et des apports d’engrais grâce à des outils de cartographie avancés.
Sur l’exploitation d’Éric Mahaut, Be Api a réalisé un diagnostic complet, en s’appuyant sur 260 analyses de son sol réparties sur les 210 hectares. Ces prélèvements ont permis de cartographier précisément des paramètres essentiels : pH, phosphore, potasse, magnésium et oligo-éléments … L’enjeu : identifier les excès comme les carences afin de mieux équilibrer les sols, limiter les doses inutiles et sécuriser le rendement.
Ajuster la fertilisation sur ses parcelles même avec du matériel ancien
La cartographie s’appuie sur une antenne GPS et s’intègre à des équipements agricoles capables de moduler les doses d’engrais à la parcelle. « Ce sont des outils sophistiqués, mais qui peuvent s’adapter à du matériel ancien, mon tracteur de 40 ans convient parfaitement bien », souligne Éric Mahaut. Dix ans après le début de l’accompagnement, l’agriculteur constate une meilleure homogénéité des sols avec moins de gaspillages. « Le bon intrant, à la bonne dose, au bon endroit », résume-t-il, une devise qui guide désormais ses pratiques.
Pour Alexandre Beaumesnil, chef d’équipe ingénieurs conseils chez Be Api et conseiller d’Éric Mahaut, la méthode repose sur deux diagnostics complémentaires. Le premier concerne la fertilité, c’est-à-dire les éléments nutritifs que l’agriculteur peut apporter ou ajuster. Le second porte sur le potentiel, c’est-à-dire les caractéristiques naturelles du sol, comme sa profondeur ou sa capacité à retenir l’eau. Ces dernières ne peuvent pas être modifiées, mais elles déterminent les limites de la production. « On ne met pas la même quantité d’engrais partout, on l’adapte en fonction des besoins réels », explique Alexandre Beaumesnil. Ces cartes servent aussi à piloter la fertilisation azotée et à optimiser la réserve utile du sol, un enjeu crucial en période de stress hydrique.
Un gain économique et un atout pour la transmission
Le bilan économique est net : après dix ans de pratique, Éric Mahaut a réduit ses achats d’engrais d’environ 25 %. Certaines années, cela représente jusqu’à 5 000 euros d’économies. Les rendements sont restés stables, voire en légère hausse sur certaines parcelles. « Certaines zones qui étaient en retard ont rattrapé le reste », note-t-il.
Au-delà du gain technique, cette approche facilite la transmission de l’exploitation. L’intégration de 70 hectares supplémentaires exploités par son fils, les diagnostics fertilité et potentiel ont été réalisés immédiatement, permettant une avancée technologique dès son installation. « Pour mon fils, c’est un bond en avant », témoigne Éric Mahaut. « Il débute avec des cartes précises et un suivi qui vont lui permettre de mieux comprendre chaque parcelle. Il saura ce qu’il a sous ses pieds, ce qu’il doit planter, comment traiter ou non. C’est un gain de temps, mais aussi un gain économique considérable. »
Pour Alexandre Beaumesnil, cette cartographie constitue une base solide pour toute reprise d’exploitation. « Les données accumulées permettent au repreneur de démarrer sereinement avec une connaissance fine des sols, évitant approximations et pertes. » L’agriculture de précision s’inscrit ainsi dans un retour aux fondamentaux, où la connaissance fine du sol optimise à la fois la rentabilité et la durabilité des exploitations agricoles.