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Que peut l’agriculture de précision pour réduire l’usage des phytos ?
Un rapport du CGAAER formule plusieurs recommandations afin que l’agriculture de précision prenne sa part à la réduction d’emploi des produits phytosanitaires, dans une approche combinatoire associant les leviers agronomiques et génétiques, en plus du biocontrôle.
Des OAD pour positionner les interventions (chimiques ou autres) en fonction de risques épidémiologiques détectés par moult capteurs mâtinés d’intelligence artificielle, des technologies de pulvérisation modulée sinon ultra-ciblée permettant de réduire les doses de 70% ou 80%, des bineuses capables de dégommer les adventices en inter-rang et en inter-plant en flirtant à 1 centimètre du collet des betteraves, avec ou sans chauffeur aux commandes : tels sont les ressorts de l’agriculture de précision appliquée à la protection des cultures contre les bioagresseurs.
Qu’il s’agisse des semences, des fertilisants, des produits phytos mais également de l’eau, l’agriculture de précision poursuit un même objectif : préserver les ressources et les milieux sans oblitérer la productivité et la rentabilité. Problème ? « Il n’a pas été possible de quantifier le nombre d’équipements, constitués de technologies de précision (...) Peu de références techniques, technico-économiques et sociologiques sont actuellement disponibles pour les agriculteurs, les conseillers et les collectivités finançant ces nouvelles pratiques (...) Il est très difficile d’accéder à des panoramas précis des matériels de la robotique ou permettant le guidage pour le désherbage mécanique ou chimique de haute précision ». C’est ce que l’on peut lire dans un rapport du Conseil général de l’agriculture de l’alimentation et des espaces ruraux (CGAAER) consacré au potentiel levier que constitue l’agriculture de précision pour réduire de 50% l’usage (et les risques) des phytos d’ici à 2030, comparativement à la période 2011-2023 et conformément à la Stratégie Ecophyto 2030.
Vu l’état, quasi-préhistorique, de la connaissance en la matière, on ne s’étonnera pas que le dit-rapport ne dise rien du potentiel de cette contribution. En revanche, il identifie un certain nombre de freins à lever pour tendre vers une massification des pratiques, tout en rappelant que « l’agriculture de précision est une solution parmi d’autres » et que son utilisation doit se faire dans le cadre « d’une approche combinatoire associant toutes les autres possibilités qu’elles soient agronomiques, génétiques et de biocontrôle quand elles existent ».
Pour en finir avec l'imprécision, les recommandations du CGAAER
- mettre en place des sites expérimentaux et des réseaux locaux de fermes de référence (groupes 30.000 Ecophyto) pour vulgariser les nouvelles technologies auprès des agriculteurs et leur fournir des références technico-économiques
- soutenir la R&D conduisant à l’industrialisation des outils robotiques autonomes avec un axe particulier sur les filières orphelines (semences, horticulture, cultures légumières, plantes à parfum, aromatiques, médicinales
- initier la conduite de programmes de R&D comparatifs pour les différentes technologies matures que sont la pulvérisation ultra-précise, le désherbage mécanique de précision
- mettre à jour et étoffer les offres de modélisation en santé des plantes (OAD)
- accélérer la mise à disposition réussie de ces outils de précision en optimisant la complémentarité entre les différentes sources de financement (Etat et Régions) et en instaurant un chèque conseil associé à l’investissement réalisé en agriculture de précision
- subventionner les investissements consentis par les agriculteurs dans les technologies matures
- créer un portail des ventes des outils de précision : robotique, guidage de précision (lutte mécanique et chimique), OAD, avec une maille nationale et une déclinaison régionale
- mettre en place une base de données référençant les analyses technico-économiques comparatives d’utilisation notamment sur les sites de référence Ecophyto
- faire évoluer la réglementation en définissant les conditions de circulation des véhicules autonomes dans le code de la route pour permettre à minima l’utilisation des chemins vicinaux et en facilitant les transitions vers une réduction des doses hectares permise par la pulvérisation de précision en adaptant les AMM des substances ou des spécialités commerciales à ces nouvelles technologies
- proposer une prise en charge partielle du risque induit par la plus grande complexité apparente de l’agriculture de précision (systèmes assuranciels complémentaires, déploiement d’une agriculture de la fonctionnalité, MAEC, PSE)
- décliner dans les territoires ces nouvelles techniques issues de l’agriculture de précision dans le cadre d’un pilotage régional et départemental
Le rapport cite deux définitions du concept d’agriculture de précision : Vocabulaire de l'agriculture et de la pêche paru au Journal Officiel n°0121 du 27 mai 2021 : « Ensemble des pratiques agricoles qui, grâce aux techniques agricoles de pointe, prennent en compte les caractéristiques de chaque parcelle et ajustent ainsi dans l'espace et dans le temps les interventions des machines et les applications d'intrants ». International Society for Precision Agriculture (ISPA) : « L’agriculture de précision est une stratégie de gestion qui rassemble, traite et analyse, les données spatiales, temporelles et individuelles et les combine avec d’autres informations pour orienter les décisions de gestion en fonction de la variabilité en vue d’améliorer l’efficacité des ressources, la productivité, la qualité, la rentabilité, et la durabilité de la production agricole ». |