Etiquetage : l’overdose de logos

[Edito] Trop d’étiquetage tue l’étiquetage ? La surenchère d’étiquettes, logos et autres labels qui fleurissent depuis plusieurs années sur les produits alimentaires, au lieu d’informer les consommateurs, pourrait en réalité finir par les embrouiller.

En plus des historiques signes officiels de qualité (AB, AOP, AOC, IGP, etc.), s’ajoutent d’autres informations concernant l’origine (France, région, territoire…), les cahiers des charges (Bleu Blanc Cœur, HVE…), la prise en compte du bien-être animal, la qualité nutritionnelle, l’impact environnemental, sans compter toutes les mentions « sans » : sans résidus de pesticides, sans antibiotiques, sans OGM, sans nitrites, sans gluten, etc.

Face à la surabondance d’informations, faire ses courses devient un véritable casse-tête. Que choisir ? Un produit classé « A » au Nutri-score mais considéré comme « ultra-transformé » par l’indice Siga ? Un aliment à l’impact environnemental considéré comme faible mais aux qualités nutritionnelles estampillées mauvaises ? Un légume bio produit à l’étranger ou non-bio mais local ?

Assistants de courses

Pour « aider » les consommateurs, des applications comme Yuka proposent, en scannant le code-barres d’un produit, une évaluation globale assortie des mentions « Mauvais », « Médiocre », « Bon » ou « Excellent » ainsi qu’un Eco-score associé.

Une telle assistance peut s’avérer utile dans le cas de produits contenants de nombreux ingrédients et additifs, aux étiquettes souvent absconses pour le commun des mortels. Mais dans le cas d’aliments simples, est-ce vraiment rendre service au consommateur que de lui signifier que le beurre contient trop de matières grasses ? Scoop : le beurre, le Roquefort, la crème fraîche, mais aussi le saucisson ou le foie gras, eh bien oui, c’est gras.

La notation environnementale, de son côté, apporte une information encore peu présente sur les étiquettes et vise à orienter les consommateurs soucieux de prendre en compte l’écologie dans leur acte d’achat. Mais calculer l’empreinte écologique des produits s’avère éminemment compliqué, et les scores diffèrent en fonction des indicateurs choisis. Ainsi l’Eco-score, basé sur l’analyse de cycle de vie des aliments, est une méthode décriée par une partie de la profession agricole, au motif qu’elle privilégierait les systèmes d’agriculture intensive qui génèrent des rendements plus élevés et pénaliserait les systèmes extensifs, bio, et les territoires à faible potentiel productif.

Pour pallier ce biais, le Planet-score, initié par l’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab) et plébiscité par l’interprofession bétail et viande (Interbev), intègre des indicateurs relatifs aux pesticides, à la biodiversité et aux modes d’élevages. Il sera prochainement apposé sur 1000 références de produits alimentaires. Reste à espérer que le consommateur le repère parmi les multiples autres logos…