Greenpeace dénonce les « fermes-usines », sur fond de PLOA et de directive IED

L’association réclame un moratoire sur tous les nouveaux projets de création ou d’extension de ce qu’elle dénomme les « fermes-usines ». Elle prône la déspécialisation des territoires et le soutien à l’élevage « écologique ».

« 60% des animaux d’élevage sont concentrés dans 3010 fermes-usines, qui ne représentent que 3% des fermes d’élevage » : telle est l’affirmation de l’association Greenpeace, qui s’appuie sur des données des ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique, et notamment sur le fichier des ICPE (Installations classes protection de l’environnement) d’élevage soumises à autorisation, datant de janvier 2023. L’association en profite pour tacler le ministère de la Transition écologique dont le fichier en question présenterait de « nombreuses erreurs et incohérences », nécessitant de procéder à « de nombreux traitements correctifs manuels ».

Les Bretagne et les Pays de la Loire dans le viseur

Mais c’est bien entendu sur les « fermes-usines », symbole de l’élevage « industriel », que l’association porte le fer. Pour Greenpeace, les « fermes-usines », se définissent « par un grand nombre d’animaux élevés sur une exploitation qui ne dispose pas d’une surface suffisante pour produire leur nourriture et/ou pour épandre sans risque le lisier ou fumier qu’ils ont produit ».

Selon son décompte, les régions Bretagne et Pays de la Loire concentrent respectivement 48% et 19% des effectifs de « fermes-usines ». La filière volailles (75% de l’effectif) se place largement en tête devant les filières porcine (23%) et bovine (2%).

Agenda français et européen

L’association entend faire bouger les lignes alors que plusieurs politiques publiques sont potentiellement porteuses d’évolution, à commencer par le Pacte et la loi d’orientation agricole (PLOA). « Sans remise en cause fondamentale de notre système d’élevage, et plus largement notre système alimentaire et agricole, cette loi sera un échec face à l’urgence de changer drastiquement de modèle d’élevage qui est confronté à de multiples crises sociale, économique, sanitaire et environnementale », indique Greenpeace dans un communiqué daté du 15 mai.

Au plan européen, c’est la révision de la directive sur les émissions industrielles (IED) qui s’invite à l’agenda du Parlement. La Commission européenne propose d’élargir le spectre des exploitations concernées, en y intégrant les exploitations bovines, aujourd’hui exclues, et en abaissant les seuils s’appliquant actuellement aux exploitations porcines (2000 places ou 750 truies) et avicoles (40.000 places), ce contre quoi bataille la FNSEA et les associations spécialisées (FNPL, FNB, FNP, CFA), redoutant des « impacts catastrophiques », tels que « l’accentuation de la baisse de la production animale déjà amorcée en Europe et en France, la concentration des cheptels « façon feedlot américain » du fait de contraintes disproportionnées et la baisse des revenus des agriculteurs ».

Les requêtes de Greenpeace

L’association réclame un moratoire sur tous les nouveaux projets de création ou d’extension de « fermes-usines » afin de mettre un terme à « l’industrialisation » de l’élevage, dont elle défend par ailleurs le caractère « primordial », arguant « qu’il n’existe pas d’agronomie sans élevage ». L’association défend un modèle d’élevage « local, indépendant et écologique », où « les animaux sont nourris avec des aliments qui ne sont pas nécessaires à l’alimentation humaine et qui respectent la biodiversité et le climat », sans recours ni aux pesticides de synthèse ni aux OGM, dans le respect des droits humains « tout au long de la chaine de production » et avec les normes les plus strictes en matière de bien-être animal.

Pour favoriser la déspécialisation des régions, Greenpeace prône la mise en place de quotas et de minima/planchers par filière, des aides ciblées et territorialisées, le renforcement des aides à l’installation en systèmes de polyculture-élevage et à la production de légumineuses.