Quelles agricultures en 2040 ? Le gouvernement lance le chantier sur le Pacte agricole

Programmé pour juin 2023, le projet de loi d'orientation et d'avenir agricole va faire place à une large concertation, aux plans institutionnel et territorial. Objectif : penser et planifier à l’horizon 2040 le renouvellement des actifs, socle de notre production agricole et agroalimentaire, aux prises à des défis tous azimuts.

Renforcer la souveraineté de l’agriculture française grâce au renouvellement des générations en les inscrivant pleinement dans les transitions en cours : telle est la raison d’être du Pacte et de la future loi d’orientation agricole. Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, le président réélu en avait fait l’annonce le 9 septembre dernier à Terres de Jim. « Ce que je veux que nous construisions ensemble dans les six prochains mois, c’est un pacte d’orientation et d’avenir pour notre agriculture, sur les sujets d’orientation, de formation, de transmission et de transition », avait déclaré Emmanuel Macron face aux JA. Marc Fesneau a ouvert le chantier le 7 décembre. Il le clôturera en juin 2023, avec la présentation d’un projet de loi d’orientation et d’avenir de l’agriculture.

Un choc, cinq défis

L’agriculture est confrontée à un choc démographique, pas loin de confiner au défi existentiel. Selon les données du dernier recensement, 100.000 exploitations ont disparu entre 2010 et 2020 et la tendance devrait se poursuivre à un rythme de 1,2 % par an d’ici 2030 si rien n’est fait. Le volume total d'emploi mobilisé par les exploitations, intégrant la main-d’œuvre saisonnière ou occasionnelle, soit 659.500 équivalents temps plein, est en baisse de 11 % en 10 ans. Selon les projections, l’agriculture pourrait perdre entre 35.000 et 72.000 équivalents temps plein d’ici 2030. Un tiers des exploitants de 60 ans ou plus ne connait pas le devenir de son outil de production pour les trois années suivantes, ce qui engendre un risque de sous-investissement dans les outils et dans les transitions. Les transitions, pour ne pas dire les transformations : c’est l’autre défi que doit relever concomitamment l’agriculture. Elles sont climatiques, environnementales, sanitaires et sociétales, sans oublier le volet économique, et ses pendants que sont la rentabilité, la compétitivité et l’attractivité.

Des travaux nationaux et régionaux dès janvier

Pour mener à bien le projet de loi, l’exécutif a décidé d’impliquer une centaine d’organisations (syndicats, interprofessions, associations environnementalistes, etc.) ainsi que les collectivités, en l’occurrence les Régions. Une méthode qui n’est pas sans rappeler les Etats généraux de l’alimentation, qui ont préfiguré la loi Egalim d’octobre 2018. Foin d’états généraux cette fois mais un Pacte, voué à cimenter la mobilisation collective, à travers des concertations nationales et régionales démarrant en janvier et associant professionnels, élus et acteurs du territoire. Les élèves et étudiants des établissements d’enseignement agricole, techniques et supérieurs sont aussi mobilisés. Ils feront l’objet d’une consultation nationale à travers une enquête sur internet, afin de recueillir leurs visions et attentes sur leur formation, les futurs métiers, leurs projets professionnels et l’agriculture.

Au plan national, trois groupes de travail plancheront à partir de janvier sur l’orientation et la formation (groupe 1), l’installation et la transmission (groupe 2) et l’adaptation et la transition face au changement climatique (groupe 3).

Un horizon : 2040

Les travaux de concertation régionaux s’achèveront fin avril tandis que les réunions de clôture des trois groupes de travail nationaux prendront fin à la fin du mois de mai. Le Pacte final sera rédigé au mois de juin, tout comme le projet de Loi d’orientation et d’avenir qui sera ensuite soumis au Parlement. La future loi a vocation à baliser l’avenir de l’agriculture à l’horizon 2040, en se focalisant sur les actifs « qui font et feront l’agriculture, en réinventant les politiques publiques, les outils et initiatives publics, privés et associatifs en matière d’orientation, de formation, d’installation, de transmission, d’innovation et d’investissement ».