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[Rétro 2024] En avril, la France gagne une bataille contre l’Influenza aviaire
Six mois après le lancement de la vaccination des canards, seulement 10 foyers d’Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) sont détectés en élevage contre plus de 300 un an plus tôt. Une étude de l’Ecole nationale vétérinaire de Toulouse démontrera que 700 foyers ont été évités grâce à la vaccination, laquelle sera reconduite dès octobre.
C’est l’une des rares éclaircies de cette sombre année agricole 2024 aux prises à une accumulation de chocs climatiques, sanitaires, économiques, géopolitiques et politiques, n’épargnant quasiment aucune filière et fragilisant de très nombreuses exploitations. Dans le secteur de l’élevage, les ruminants subissent les affres de maladies vectorielles que sont le FCO et la MHE, que la vaccination contribuera cahin-caha à juguler, sans éteindre la menace. C’est aussi la vaccination qui, en grande partie, sauvera les filières œuf, chair et foie gras de l’Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP).
La maladie, en voie d’endémisation sous l’effet du changement climatique (comme la FCO et la MHE), a décimé au cours des cinq campagnes passées des dizaines de millions de canards et de volailles, pour l’essentiel abattus préventivement, généré plus de 2 milliards d’euros d’indemnisations, traumatisé des milliers d’éleveurs et fait courir un risque existentiel aux filières œuf, poulet de chair et foie gras, sous l’effet la contamination des couvoirs et des élevages de reproducteurs.
Un chantier ouvert en janvier 2022
C’est en janvier 2022 que Julien Denormandie, alors ministre de l’Agriculture, ouvre le chantier de la vaccination des volailles, en décrétant une expérimentation et en déployant des efforts de diplomatie sanitaire, à l’intérieur de l’UE et au sein de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), dans le but de présenter toutes les garanties sanitaires à nos partenaires communautaires et commerciaux. Quelques mois plus tard, l’expérimentation s’avérait concluante tandis que l’OMSA validait les protocoles et garanties présentées par les autorités sanitaires françaises.
Les premières injections en octobre 2023
Les premières injections sont administrées en octobre 2023. La vaccination est obligatoire pour les élevages détenant plus de 250 individus (Barbarie, mulard et Pékin) dont les produits (viande et foie gras) sont destinés à la commercialisation. Quelque 62 millions de canards vont recevoir une double injection pour un coût de 96 millions d’euros, pris en charge à 85% par l’Etat. Une piqure quasiment indolore omparativement aux indemnisations générées par les épizooties des dernières années. Résultat de la course audacieuse contre l’IAHP : 10 foyers seulement seront détectés en élevage au cours de la saison 2023-2024, contre 400 en 2022-2023 et 1400 en 2012-2022. Les différentes filières reprennent espoir et les productions repartent de l’avant.
En octobre 2024, le ministère de l’Agriculture reproduit la stratégie à l’identique, avec un taux de prise en charge de de 70% du coût de la vaccination. Le 19 décembre dernier, la France se déclarait indemne d’Influenza aviaire, une situation inédite en période de risque élevé, résultant de la surveillance épidémiologique du virus, des mesures de biosécurité et de la stratégie vaccinale.
Quelques mois plus tôt, des chercheurs de la Chaire de biosécurité et de santé aviaires de l’Ecole nationale vétérinaire de Toulouse (Unité IHAP - ENVT-INRAE) ont démontré qu’en l’absence de vaccination, la France aurait pu connaitre jusqu’à 701 foyers en élevage en 2023-2024 contre 10 effectivement constatés. Ils sont arrivés à cette conclusion en s’appuyant sur une modélisation prédictive, basée sur les données des foyers détectés dans les élevages et la faune sauvage dans différents pays d’Europe de l’Ouest depuis 2016. On trouverait probablement peu de professionnels prêts à faire vaccination arrière.
En ce qui concerne la biosécurité, les petits élevages autarciques, soumis à des obligations de claustration contraires au principe du plein air, attendent de leur côté les enseignements d’une expérimentation en cours dans 92 élevages répartis dans 25 départements. Les résultats sont attendus au premier semestre 2025. Le porc, sous la menace de la peste porcine africaine, est aussi concerné.
Des cas humains aux Etats-Unis
Outre la préservation des animaux et des filières, la vaccination a aussi pour effet de faire baisser la pression et la circulation virale dans l’environnement et par là-même le risque de transmission à l’homme. « Vacciner les volailles les plus exposées permettra également de limiter la multiplication du virus et le risque de mutation pour éviter qu’il s’adapte aux mammifères et aux humains », indiquait au printemps 2023 l’Anses lors de la présentation de la stratégie vaccinale anti-IAHP. Aux Etats-Unis, depuis le printemps dernier, des centaines d’élevages laitiers américains sont aux prises à des cas de contamination des troupeaux, notamment en Californie, avec des cas d’infection humaine, mais sans transmission interhumaine. Selon des recherches publiées le 12 décembre dans la revue Science, la version de la grippe aviaire infectant les vaches américaines n'est plus qu'à une mutation d'une propagation plus aisée parmi les humains. En France, depuis 2022, la MSA recommande aux professionnels des filières aviaires et porcines de se faire vacciner contre la grippe saisonnière.
Tous les articles de la rétrospective 2024 : En janvier, les paysans sur le bitume, le Premier ministre sur la paille En février, le soulèvement de terriens au Salon de l’agriculture En mars, on plante des haies et en octobre, on plante le Pacte En avril, la France gagne une bataille contre l’Influenza aviaire |