L’évaluation variétale au défi du changement climatique

Le CTPS, en charge de l’évaluation et l’inscription des variétés au catalogue officiel, projette d’adapter ses règles et de faire évoluer son dispositif expérimental afin de proposer une évaluation pertinente des variétés vis-à-vis des enjeux induits par le changement climatique.

Pour répondre aux enjeux du changement climatique, il faudra opérer un basculement des priorités pour un grand nombre d’espèces, passant de l’amélioration du potentiel de rendement à une stabilisation du rendement par l’amélioration de la résistance aux stress abiotiques et à une meilleure utilisation des nutriments. L’enjeu de la résistance aux stress biotiques est également renforcé pour de nombreuses espèces. Tel est le constat dressé par le Comité technique permanent de la sélection des plantes cultivées (CTPS), en en charge de l’évaluation et l’inscription des variétés au catalogue officiel. Dans un rapport basé sur l’examen de la littérature scientifique et technique, son comité scientifique dresse un certain de recommandations destinées à rendre ses différentes sections plus « pro-actives ».

En préambule, le rapport recommande de renforcer l’effort de recherche sur l’adaptation génétique des espèces et des variétés aux effets du changement climatique. « Ceci concerne tout à la fois la recherche académique, la recherche appliquée dans les instituts techniques agricoles et la recherche dans les entreprises » . En ce qui concerne plus spécifiquement le périmètre du CTPS, le rapport recommande en premier lieu d’expliciter les effets attendus du changement climatique sur chaque espèce, de définir les traits affectés et les traits d’intérêt, de renforcer la réflexion sur les performances variétales en valeur moyenne et en variance et d’introduire la notion de risque liée à la stabilité des performances variétales.

Caractériser les essais via « l’envirotypage »

En ce qui concerne la conduite des essais, le rapport recommande de mieux les caractériser via « l’envirotypage », un concept qui repose sur la mesure de tous les facteurs environnementaux (y compris les organismes tels que les adventices, les insectes pollinisateurs, la présence d’animaux…) au niveau de la parcelle, et qui sont susceptibles d’affecter la culture. A cette fin, tous les outils de caractérisation des stress, notamment hydriques, devront être mobilisés, en mutualisant le cas échéant les outils disponibles au sein des instituts techniques et des obtenteurs. Objectif : « faire de chaque donnée une information au regard du changement climatique, en évitant d’écarter les essais atypiques ». Le rapport préconise également de mobiliser « autant que possible » les essais mis en œuvre par les sélectionneurs au cours du processus de sélection afin d’identifier des comportements variétaux intéressants face aux effets attendus du changement climatique.

La diversification culturale et intra-parcellaire

Pour favoriser la diversification via l'introduction de nouvelles espèces et le développement d’espèces mineures ou qui pourraient être cultivées plus largement sur le territoire, le rapport recommande de développer une activité de veille et de mettre en place des évaluations adaptées pour permettre l’accès au marché. Concernant la diversification à l’échelle de la parcelle agricole, les mélanges, le rapport préconise la mise en place d’évaluations adaptées dans le cas d’allégations par l’obtenteur d’une aptitude à répondre à au moins un enjeu posé par le changement climatique.