La FNSEA se veut proactive face au défi climatique

"Faire du défi climatique une opportunité pour l'agriculture" : tel est le thème du rapport d’orientation de la FNSEA, qui fixe la ligne du syndicat pour les trois ans à venir. La FNSEA entend faire connaître et amplifier le rôle de l’agriculture dans la lutte contre le changement climatique.

« Nous avions choisi le thème du changement climatique il y a un an et demi », a rappelé Christiane Lambert lors de la conférence de presse de rentrée de la FNSEA le 9 septembre. « Les agriculteurs voient tous les jours les effets du changement climatique, nous en sommes victimes, nous en sommes cause pour une part - et nous assumons cette part de responsabilité -, mais nous sommes aussi solution », a-t-elle déclaré. Elle présentait le rapport d'orientation 2020 du syndicat, intitulé « Faire du défi climatique une opportunité pour l'agriculture », qui fixe la ligne de la FNSEA pour les trois ans à venir.

Ce texte sera édité sous forme de livre, préfacé par l'écrivain Erik Orsenna. Depuis plusieurs années, l’économiste et académicien prend position sur les questions d’agriculture et d’alimentation. « C’est une vraie chance pour nous de pouvoir bénéficier de son appui », a affirmé Christiane Lambert.

Christiane Lambert avec les quatre rapporteurs du rapport d'orientation de la FNSEA : de gauche à droite Olivier Dauger, Hervé Lapie, Henri Bies-Péré et Joël Limouzin.
Christiane Lambert avec les quatre rapporteurs du rapport d'orientation de la FNSEA : de gauche à droite Olivier Dauger, Hervé Lapie, Henri Bies-Péré et Joël Limouzin.

 « Nous voulons montrer que l’agriculture peut se positionner comme acteur central sur la question du changement climatique », a-t-elle poursuivi. Stockage du carbone dans les sols, production d’énergies renouvelables, développement de l’approvisionnement local : autant de sujets sur lesquels l’agriculture a un rôle majeur à jouer.

Mais les conditions pour amplifier ce rôle passent par la mise en œuvre de politiques publiques ambitieuses, prévient-t-on à la FNSEA. Et le syndicat de pointer plusieurs demandes : amélioration de la gestion du stockage de l’eau et de la gestion des risques, investissement dans la recherche génétique, dans le numérique et le machinisme, réflexion autour d’une taxe carbone pour les produits importés…

La rémunération à construire

La lutte contre l’artificialisation est également un axe majeur du rapport d’orientation. « 8% du potentiel de capture du carbone dans les sols peut être perdu d'ici 2050 par l'artificialisation des terres agricoles », a souligné Henri Bies-Péré, 2e vice-président de la FNSEA et un des quatre rapporteurs.

La question de la rémunération des agriculteurs pour leurs pratiques vertueuses est également abordée. Une rémunération qui pourrait par exemple se concrétiser via les contrats de prestation de services environnementaux. « Il faut aller chercher la responsabilité sociétale des entreprises pour qu’elles investissent dans nos territoires », a expliqué Hervé Lapie, autre rapporteur du texte. Exemple concret : « pour compenser l’impact carbone de son congrès, le Medef va implanter de 4 kilomètres de haies dans la Marne », en partenariat avec la FNSEA, a-t-il détaillé.

« Plutôt que de chercher à compenser leurs émissions à l’étranger, les entreprises doivent se réapproprier leurs territoires avec les agriculteurs. C’est le début d’une nouvelle histoire, mais tout est à créer », a-t-il conclu.