La qualité et la santé des sols au prisme de 47 indicateurs

Une étude collective conduite par l’INRAE a permis de recenser 47 indicateurs de nature à qualifier et à objectiver la qualité des sols, et d’orienter ainsi les politiques publiques pour les préserver des (multiples) menaces de dégradation.

Qualifier la qualité des sols est une entreprise plus complexe qu’il ne pourrait paraitre au prime abord. Pour y parvenir, l’INRAE a mobilisé pendant plus de deux ans un collectif de 19 chercheurs issus de 10 organismes de recherche et d’enseignement supérieur français et canadien. Financée par l’Ademe, l’OFB et les ministères en charge de l’Environnement et de l’Agriculture, l’étude dresse un état des lieux des connaissances scientifiques disponibles sur les indicateurs qui peuvent être mobilisés en appui des politiques publiques sur la préservation de cette ressource fondamentale.

La qualité des sols comporte de multiples dimensions comme la fertilité, la santé, la biodiversité, les services écosystémiques rendus, ou à l’inverse les dangers liés à leur dégradation (érosion, pollution, perte de matière organique, etc.). « Ces dimensions sont diversement perçues par les acteurs suivant leurs activités, préoccupations et influences sociales, souligne l’INRAE dans un communiqué. Il est ainsi difficile de s’accorder sur ce qu’est un sol de bonne qualité. En outre, la valeur économique des terres et leur gestion foncière ne tiennent que très rarement compte de la qualité écologique des sols, la localisation et la proximité des infrastructures urbaines étant généralement les critères prépondérants.

Six fonctions écologiques, 47 indicateurs

Pour évaluer globalement et exhaustivement la qualité des sols, les chercheurs se sont accordés sur la prise en compte de six fonctions écologiques, à savoir : supporter la biodiversité, entretenir la structure du sol, réguler l’eau, réguler les contaminants, fournir des nutriments à la biocénose (ensemble des êtres vivants qui peuplent un habitat donné), stocker du carbone. Pas moins de 47 indicateurs permettent de caractériser et d’évaluer ces six fonctions écologiques. Près de la moitié sont jugés comme matures et donc opérationnels, souvent intégrés dans des bases de données, et ayant fait leur preuve depuis près de 20 ans. Un quart est encore en maturation car non encore standardisé du point de vue des méthodes à mettre en œuvre et un autre quart est encore en développement, encore au niveau de la recherche.

C’est dire si le chantier d’évaluation de la qualité et de la santé des sols est à la fois colossal et complexe. Il s’avère néanmoins indispensable pour poser et partager un diagnostic avec l’ensemble des acteurs, le sol étant à l’interface de multiples activités humaines comme l’industrie, l’habitat, les loisirs et bien entendu l’agriculture. Selon l’European union soil observatory (EUSO), 62% des sols de l’UE sont dégradés.