La sécheresse menace les trois-quarts de la France

Selon le Comité d'anticipation et de suivi hydrologique, 22 départements présentent un risque « très probable » et 42 autres un risque « probable » d’ici à la fin de l’été. Les régions Provence-Alpes-Côte-D’azur, Auvergne-Rhône-Alpes, le nord de la Nouvelle Aquitaine, Pays-de-la-Loire et Centre-Val-de-Loire pourraient être particulièrement touchées.

Alors que l’hiver a été plus sec que la normale et que le déficit pluviométrique s’est poursuivi en avril, la sécheresse des sols s’est installée précocement sur le territoire national, indique dans un communiqué le ministère de la Transition écologique, au lendemain d’une réunion du Comité d'anticipation et de suivi hydrologique (Cash), chargé par le Comité national de l’eau de mieux anticiper et gérer les épisodes de sécheresse. Ainsi, 22 départements métropolitains présentent un risque « très probable » et 42 autres un risque « probable », même s’il « convient toutefois de rester vigilant quant à l’utilisation de ces résultats. Ils donnent des indications par rapport à la normale et aux situations habituellement rencontrées », précise le ministère.

La cartographie des territoires avec risque de sécheresse d’ici à la fin de l’été 2022 (Source : ministère de la Transition écologique)
La cartographie des territoires avec risque de sécheresse d’ici à la fin de l’été 2022 (Source : ministère de la Transition écologique)

Un faisceau de signes avant-coureurs

Depuis plusieurs mois, un faisceau d’indicateurs pointait des signes avant-coureurs, avec notamment un déficit de 20% de la recharge hivernale des nappes, un déficit pluviométrique de 25% en avril et de 19% cumulé entre septembre et avril, des prévisions saisonnières de Météo-France faisant état d’un scénario probablement plus chaud et plus sec pour les mois à venir. Les records de chaleur enregistrés cette semaine dans de nombreux départements ne font que renforcer la probabilité d’une sécheresse sévère.

Selon le site gouvernemental Propluvia, qui répertorie quotidiennement les arrêtés sécheresse sur l’ensemble du territoire, 16 départements avaient pris au moins un arrêté de restriction d’usage de l’eau en date du 18 mai, soit un total de 54 arrêtés. Ce même jour était, selon Météo-France, le 38ème jour consécutif avec une température moyenne agrégée sur le pays plus élevée que la normale 1981-2010, un record promis à être rapidement battu, du fait des températures attendues dans les jours à venir.

La Varenne de l’eau à l’épreuve

Dès le mois, le gouvernement s’était mis en alerte, notamment en augmentant de 100 millions d’euros le plafond de dépenses des agences de l’eau, sur fond de fortes tensions alimentaires au plan mondial après le déclenchement de la guerre en Ukraine. Ce budget doit contribuer à reconnecter des réseaux d’eau potable, à financer des projets d’abreuvement des animaux ou encore à remobiliser la ressource d’ouvrages existants par des chantiers de curage.

"Un travail méthodologique sera nécessaire pour tenir compte des besoins des milieux et du rechargement des nappes phréatiques"

L’épisode de sécheresse survient quelque mois après la conclusion du Varenne de l’eau, qui a accouché d’une réforme de l’assurance récolte (pour le 1er janvier 2023), d’un plan d’adaptation de l’agriculture au changement climatique (en cours de construction par les Chambres d’agriculture et les filières) et enfin d’une stratégie de mobilisation et de gestion de la ressource en eau.

Dans ce volet figurent notamment la réalisation d’un inventaire des ouvrages de stockage dans l’objectif de remobiliser les volumes d’eau stockés non utilisés, la réutilisation des eaux usées traitées ou encore un projet de décret sur les volumes prélevables hors étiage. Ce dernier ouvrirait la voie au stockage l’eau hivernale excédentaire, générée notamment par les pluies diluviennes dont la fréquence et la virulence sont amenées à s’intensifier sous l’effet du changement climatique. « Un travail méthodologique sera nécessaire pour tenir compte des besoins des milieux et du rechargement des nappes phréatiques », avait déclaré l’ex-Premier ministre Jean Castex, lors du la conclusion du Varenne le 1er février dernier. Une sagesse prophétique : le 18 mai, la cour administrative de Bordeaux (Gironde) a retoqué la légalité de cinq « bassines » situées en Charente-Maritime, en raison d'études d'impact insuffisantes...