Le Crédit impôt recherche, un dispositif aussi méconnu que fructueux pour financer ses transitions

[Tech-Ovin 2025] Le dispositif de l’Etat, doté de 7 milliards d’euros chaque année, est sous-utilisé en agriculture alors qu’il constitue un levier substantiel de financement des transitions, pouvant se chiffrer en dizaines de milliers d’euros par exploitation.

« Sur les exploitations que nous avons auditées, nous avons chiffré à 20.000 euros le montant moyen du Crédit impôt recherche auquel elles étaient éligibles ». C’est ce qu’a déclaré Alix Fournier, ingénieur d’affaires chez Leyton, lors d’une conférence dédiée au Crédit impôt recherche. Doté annuellement de 7 milliards d’euros, Le crédit d'impôt recherche (CIR) est destiné à encourager les entreprises à engager des activités de R&D.

30% jusqu’à 100.000 euros

Le taux de financement de la R&D s’établit à 30% pour les dépenses inférieures à 100.000 euros (5% au-delà). Problème : le secteur agricole méconnait connait largement le dispositif. « Les agriculteurs ont difficilement accès aux instruments mis en place par la politique publique d’innovation française pour partager les risques sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’innovation, tels les crédits d’impôts recherche et innovation » : tel était le constat dressé au printemps dernier par la Cour des comptes, dans un rapport intitulé : « L’innovation en matière agricole, une contribution essentielle à la transition agroécologique ».

Alix Fournier, ingénieur d’affaires chez Leyton et Audrey Tessereau, directrice du GIE Ovin du Centre Ouest
Alix Fournier, ingénieur d’affaires chez Leyton et Audrey Tessereau, directrice du GIE Ovin du Centre Ouest

En amont du rapport, la même Cour des comptes avait commandité un sondage, qui révélait que 86% des agriculteurs intégraient régulièrement des innovations, au rythme de trois par an plus pour de 50% d’entre eux, quand ils ne contribuaient pas eux-mêmes à leur émergence.

 

"Sans nécessairement en être conscients, beaucoup d’agriculteurs mettent en œuvre des innovations qui s’apparentent à de la R&D"

Accompagnant depuis plus de 20 ans les entreprises dans les domaines de l’innovation et des transitions, le cabinet de conseil avait parfaitement identifié cette solution financière, y compris dans le secteur agricole, en créant, il y a maintenant 5 ans, un service dédié baptisé FiTAGri. Ce dernier est notamment intervenu auprès d’exploitants adhérant à des GIEE ou membres des Groupes Dephy, au tropisme marqué pour l’innovation et les transitions. « Sans nécessairement en être conscients, beaucoup d’agriculteurs mettent en œuvre des innovations qui s’apparentent à de la R&D et qui sont potentiellement éligibles au Crédit impôt recherche », affirme Alix Fournier.

Rétroactivité de 3 ans

En Poitou-Charentes, le GIE Ovin du Centre Ouest en a fait le constat et via des réunions sur le terrain, a mis l’information à disposition de ses 700 adhérents. « Dans le contexte actuel où la filière ovine s’est fixée pour objectif de produire plus et mieux, l’accompagnement technique personnalisé est un levier essentiel », déclare Audrey Tessereau, directrice du GIE Ovin du Centre Ouest. Plusieurs éleveurs ont d’ores-et-déjà bénéficié du Crédit impôt recherche. « La rétroactivité du dispositif permet de remonter trois exercices comptables en arrière », précise Alix Fournier.

La cabinet Leyton se rémunère à hauteur des 15% des sommes perçues au titre du CIR (avec un minimum de 4500 euros). Mais le diagnostic préalable destiné à jauger l’éligibilité de l’exploitation est gratuit, quel qu’en soit le résultat et quelle que soit la décision de l’exploitant, soit de ne pas pousser plus loin le dossier, soit d’en assumer lui-même le suivi.