Les vins IGP pourront titrer jusqu'à 6 degrés minimum d’alcool

L’INAO entérine la possibilité, sous conditions, de produire des IGP à 6°alc, voire 0,5°alc minimum dans le cadre d’une expérimentation ou du Dispositif d’évaluation des innovations (DEI). Objectif : renforcer la résilience du vignoble face à l’évolution du climat et des goûts des consommateurs.

« Les vins IGP peuvent être désalcoolisés jusqu'à 6 degrés, sous réserve que cette possibilité soit inscrite dans le cahier des charges et que tous les vins soient contrôlés d'un point de vue organoleptique avant et après désalcoolisation ». Telle est la décision entérinée le 4 avril dernier par le Comité vins IGP de l’INAO et conforme à la réglementation européenne, qui ménage depuis décembre 2021 la possibilité de désalcooliser des vins sous signes officiels de la qualité et de l’origine (SIQO) jusqu’à 0,5°alc.

L’INAO a fixé le seuil minimal à 6°alc. Néanmoins, les Organismes de défense et de gestion (ODG) auront la possibilité de conduire une expérimentation ou de mobiliser le Dispositif d’évaluation des innovations (DEI) pour les vins titrant entre 0,5 et 6°alc. A deux conditions : les ODG devront avoir au préalable inscrit dans leurs cahier des charges la possibilité de produire des vins désalcoolisés jusqu’à 6 degrés et les expérimentations, sur la base d’une demande de l’ODG, devront être suivies par la Commission scientifique et technique de l’INAO.

Résilience, concurrence et attentes sociétales

La décision du Comité vins IGP de l’INAO participe du renforcement de la filière viti-vinicole, confrontée à une baisse structurelle de la consommation de vin et à une demande croissante en produits diététiques, allégés et à faible teneur en alcool. A contrario, l’augmentation sensible des températures, sous l’effet du changement climatique, génère une production de raisins plus riches en sucre au final de vins plus riches en alcool. Le segment des vins désalcoolisés est aussi au cœur d’enjeux commerciaux et financiers. Aux Etats-Unis par exemple, la limite entre vins et spiritueux est fixée à 14% vol, le dépassement induisant un niveau de taxes supérieur.

VIFA et DEI

Pour s’adapter à la nouvelle donne climatique et sociétale, l’INAO entrouvre depuis quelques années des possibilités d’assouplir les cahiers des charges, notamment des AOP. Depuis 2021, la directive dite VIFA pour Variétés d’intérêt à fin d’adaptation, offre la possibilité d’introduire, moyennant un suivi précis, des cépages résistants aux maladies ou adaptés aux évolutions climatiques, dans la limite de 5% de l’encépagement de l’exploitation ou de 10% dans les assemblages de vins commercialisés sous AOP.

Comment réduire la teneur en alcool des vins ?

Pour réduire la teneur finale en alcool dans les vins, différents leviers d’actions sont envisageables, à la vigne et au chai. Le précurseur de l’éthanol étant le sucre (glucose et fructose) contenu dans les baies de raisin, la première approche consiste à limiter des concentrations trop élevées en sucre, en agissant sur la taille (retardement), sur la surface foliaire (effeuillage) ou en récoltant à différentes maturités. Les leviers d’action à la vigne ont cependant un impact relativement faible. Différentes techniques supplémentaires sont envisageables au niveau du pilotage des fermentations, au moyen de levures sinon en favorisant la volatilisation de l’alcool. Sur vin fini, différents process tels que la distillation ou la désalcoolisation membranaire sont envisageables.

En 2023, l’INAO a introduit avec les DEI (Dispositifs d’évaluation des innovations) la possibilité d’expérimenter de nouveaux modes de conduite, de nouvelles techniques culturales ou encore de nouvelles pratiques œnologiques, le tout pour renforcer la résilience du vignoble face aux enjeux du changement climatique, de l’urgence écologique ou encore des attentes sociétales, sans renier les fondamentaux des appellations.