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Mercosur : la Confédération paysanne dénonce l'ambiguïté d’Emmanuel Macron

La Confédération paysanne estime que la bataille contre l’accord UE-Mercosur n’est pas perdue et qu’une minorité de blocage est possible à l’échelle européenne. Mais elle dénonce le changement de positionnement d’Emmanuel Macron et l’inaction de la France dans les négociations.

« A ce stade, il existe toujours un monde dans lequel il est possible d’avoir une minorité de blocage » concernant l’accord UE-Mercosur, indique Maxime Combes, économiste à l’Aitec (Association internationale de techniciens, experts et chercheurs). Pour celui qui co-anime le collectif national Stop Mercosur, le combat n’est pas perdu. Au niveau européen, « jamais un accord de libre-échange n’a été autant contesté », poursuit-il.

Le 7 octobre, au Sommet de l’Elevage de Clermont-Ferrand, l’économiste était présent aux côtés de la Confédération paysanne pour dénoncer l’accord de libre-échange entre l’UE et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay).

En négociations depuis 25 ans et conclu le 6 décembre 2024, l’accord a franchi une nouvelle étape en septembre 2025 avec l’officialisation, par la Commission européenne, de sa proposition législative, ouvrant la voie au processus de ratification. Celle-ci nécessitera une majorité qualifiée du Conseil de l’UE, soit le vote de 55 % des Etats-membres, 15 Etats sur 27, qui devront représenter au moins 65 % de la population de l’Union. Puis viendra le tour de l’adoption par le Parlement européen.

Minorité de blocage

« La Pologne est le pays qui est le plus mobilisé contre l’accord », fait savoir Maxime Combes. Plusieurs pays n’ont pas d’avis tranché sur la question. La Roumanie, les Pays-Bas, l’Irlande ou encore l’Italie, pourraient être défavorables à cet accord, mais la France ne mène pas la bataille pour les convaincre et construire cette minorité de blocage, dénonce l’économiste.

Depuis 5 ans, Emmanuel Macron n’a cessé de répéter qu’il s’opposerait à l’accord avec le Mercosur « en l’état ». Mais en juin dernier, le chef de l'Etat laissait entrevoir la possibilité de signer l’accord « d’ici la fin de l’année », si les conditions étaient réunies, évoquant un « protocole additionnel » comprenant des « clauses de sauvegarde » ou « des mesures miroirs ».

Or, « les négociations sont closes, l’accord est finalisé, indique Maxime Combes. Si la France n’était pas satisfaite du contenu de négociations, pourquoi n’a-t-elle rien fait en cinq ans pour modifier le contenu des négociations ou en bloquer la conclusion ? »

Par ailleurs, les clauses de sauvegarde, effectivement promises par la Commission européenne, sont là pour faire face à des crises ponctuelles, mais elles ne permettent pas de régler « des problèmes structurels soulevés par les filières agricoles européennes soumises à une concurrence accrue provenant des pays du Mercosur », poursuit l’économiste.

Maxime Combes, économiste (à gauche) et Stéphane Galais, porte-parole de la Confédération paysanne (Crédits photo : AM)

Mobilisation le 14 octobre

« Toutes les études d’impact le montrent : les moins compétitifs des deux côtés de l'Atlantique vont pâtir de cette nouvelle concurrence internationale, reprend Maxime Combes. La Commission européenne en est consciente, et a même proposé un fonds de compensation pour dédommager les filières concernées ».

Face à ce positionnement du Président de la république, que la Confédération paysanne juge « catastrophique » pour les élevages et les territoires français, le syndicat s’est mobilisé dans les allées du Sommet de l’Elevage, en « visitant » le stand du Ministère de l’Agriculture et celui de MixScience, une filiale du groupe Avril, dirigée par Arnaud Rousseau, « symbole des contradictions des dirigeants de la FNSEA et de l'agrobusiness, qui fragilise le front commun contre les accords de libre-échange », dénonce le syndicat.

La Confédération paysanne appelle à manifester le 14 octobre autour d’un front commun large. « Une cinquantaine d'organisations paysannes et citoyennes ont déjà rejoint notre appel à mobilisation, fait savoir Stéphane Galais, porte-parole de la Confédération paysanne. Des parlementaires nationaux et européens ont aussi été sollicités pour apporter leur soutien à cette mobilisation ».