Météo : quelles sont les prévisions pour la fin septembre 2024 ? La chronique de Nicolas Le Friant, expert météo

Après un tout début de mois de septembre très chaud pour la saison, avec même de nombreux records mensuels battus, la situation s’est très rapidement inversée à compter du 5 avec l’arrivée d’une goutte froide (air froid situé en altitude), provoquant de forts orages, puis la mise en place d’un flux de nord-ouest très frais pour la saison dès le 9 septembre. Cette masse d’air, en provenance du Groenland, a ainsi envahi le pays. De plus, à la faveur du rétablissement de conditions  anticycloniques, par l’ouest du pays, à partir du 13 septembre, les températures se sont nettement abaissées avec des records de froid mensuels battus en altitude et quelques petites gelées en plaine. La journée la plus fraîche du mois a donc été le vendredi 13 septembre avec un déficit de 5 degrés par rapport aux normales climatiques. Ce coup de grande fraîcheur est assez remarquable dans sa précocité mais n’est, en aucun cas, une « vague de froid polaire » comme nous avons pu l’entendre et le lire dans de nombreux médias.
En conséquence, à la date du dimanche 15 septembre, l’indicateur thermique national était de +17,84°C soit une anomalie négative de 0,71°C par rapport à la normale climatique 1991-2020.

Et pour ces prochains jours ? Cette fraîcheur va-t-elle persister jusqu’à la fin du mois ?

Ce week-end des 14/15 septembre fut très sec et frais, sous la protection d’un anticyclone situé sur le nord de la France. Néanmoins, il va y avoir du changement dès aujourd’hui lundi car, sous l’impulsion d’un nouveau centre de hautes pressions, se formant sur les îles britanniques, un petit front glisse depuis la mer du Nord avec un ciel plus nébuleux au nord de la Seine, et peut-être quelques ondées éparses avant que cette limite ne s’étiole totalement en liaison avec a nette progression de la pression atmosphérique. Dans le même temps, en marge de la goutte froide, responsable des intempéries historiques, dévastatrices et malheureusement mortelles en Europe centrale (Pologne, Tchéquie et Autriche principalement), qui commencera à se résorber tout en se décalant vers le nord de l’Italie, le ciel s’ennuagera aussi près des frontières allemandes et suisses, avec une averse possible en soirée, tandis que plus on se dirigera vers le sud-ouest et plus le soleil sera vaillant.

Mardi 17 septembre

La France passera sous l’influence d’un axe anticyclonique reliant la Russie, la Scandinavie et les îles britanniques. La goutte froide, quant à elle, issue des vestiges de Boris glissera entre l’Italie et la Corse où des averses orageuses déborderont tout de même entre l’arc alpin au Roussillon et la Corse, de même que des nuages assez envahissants du Massif-Central aux Pyrénées, avec des ondées en journée. Les éclaircies resteront plus vaillantes en direction du nord-ouest, mais la bise de nord-est se lèvera pour souffler jusqu’à 50/60 km/h en rafales.

Mercredi 18 et jeudi 19 septembre 

La suite du programme vers un statut quo au niveau des centres d’action entre mercredi et jeudi. En effet, l’anticyclone restera vissé des îles britanniques à la Scandinavie, tandis que la goutte froide, toujours la même, restera positionnée sur le bassin méditerranéen, apportant de probables intempéries de l’Italie aux Balkans. La France restera en marge, mais c’est tout de même un dégradé sud-nord qui prévaudra. Sur les régions méridionales, l’ambiance sera généralement assez nuageuse au fil des heures de la journée, avec des averses orageuses qui devraient se limiter dans un premier temps aux reliefs, et dans une moindre mesure à la PACA et à la Corse. Sur une large moitié nord-ouest, les hautes pressions maintiendront leur influence avec un ciel nettement plus lumineux et de sèches conditions météorologiques. Quant aux températures, elles repasseront un peu au-dessus des normales climatiques mais sans excès.

Vendredi 20 septembre

C’est à partir de vendredi et surtout du week-end que l’anticyclone devrait finir par s’éloigner entre l’Islande et l’Europe centrale (ce qui est une excellente nouvelle sur le front des inondations), faisant passer la France sous l’influence d’une goutte froide, qui devrait se caler entre le golfe de Gascogne et la péninsule ibérique. En conséquence, dès vendredi après-midi, il faudra craindre le passage de salves orageuses principalement sur l’ouest et le sud de la France se généralisant à l’ensemble du pays pour le week-end.

La semaine prochaine

A plus long terme, la fiabilité des prévisions décline rapidement. La responsable est la future tempête tropicale Gordon, se formant en plein milieu de l’Atlantique Nord, entre les îles du Cap Vert et les Antilles. En effet, en remontant vers nos latitudes tempérées, son comportement est évidemment très complexe à appréhender par les différents modèles météorologiques.
Dans ce genre de situation, soit cette tempête se décalera vers l’Islande et la mer de Norvège, favorisant la remontée des hautes pressions sur l’Europe de l’Ouest, avec ainsi du temps sec et plus chaud en France, soit elle sera reprise au sein du flux océanique perturbé de secteur ouest ce qui entraînera, dès lors, une météo plus humide et des températures situées un peu en-dessous des normales climatiques. Ce début de semaine prochaine sera marquée par un retour de l'humidité, comme c'est très souvent le cas depuis la mi-octobre 2023. 

Finalement, ce mois de septembre 2024 pourrait bien se terminer vers une anomalie négative de 0,3/0,4°C. Ce serait ainsi le 1er mois, depuis janvier 2022 (-0,5°C), qui se situera en-dessous des normales climatiques. Il tranchera, de toute façon, avec septembre 2023, qui s’était terminé avec une anomalie positive de 3,6°C !!!

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 Nicolas Le Friant, expert météo 

"Passionné de Météorologie depuis mon enfance, j’ai appris le métier auprès d’un Météorologue professionnel chez Météo- France. Je travaille depuis 25 ans au sein d’entreprises privées de météorologie avec, comme spécialités, les médias, les formations et la pédagogie. Je suis également titulaire d'un Master en Climatologie (2010), dont le mémoire de fin d’étude est axé sur le changement climatique en cours et ses conséquences sur la hausse du niveau marin."