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Négociations commerciales : une mort programmée pour les PME ?
Les négociations entre la grande distribution et les agro-industriels ont pris fin samedi, mais les tensions persistent et de nombreux contrats n'ont pas encore été signés, relèvent plusieurs groupements d'entreprises agroalimentaires qui dénoncent "une pression intenable", notamment pour les plus petites d'entre elles.
"Près d'un quart des entreprises (24 %) n'ont pas conclu l'ensemble de leurs accords avant la date butoir du 1er mars. Nous constatons également une déflation imposée et une absence de prise en compte des coûts de production", déplore mercredi Pact'Alim, qui se présente comme porte-parole des PME et entreprises de taille intermédiaire françaises de l'agroalimentaire, dont Bonduelle, Bigard, Sodebo et Andros.
Ces négociations annuelles déterminent les conditions auxquelles les supermarchés achètent à leurs fournisseurs pour le reste de l'année une large partie de ce qu'ils vendent dans leurs rayons. Leur fin est légalement fixée au 1er mars. "Au 4 mars à la mi-journée seulement 64 % des accords étaient signés dans le périmètre Ilec, du fait de la délocalisation et du déséquilibre des négociations", affirme mercredi sur X l'Institut de liaison des entreprises de consommation (Ilec) qui rassemble de grands groupes de l'agroalimentaire mais aussi de l'hygiène-beauté (Coca-Cola, Ferrero, Mars, Herta, McCain, L'Oréal...).
Chiffres, contrats, un voile sur les négociations commerciales
Côté distributeurs, l'un des leaders du marché assure sous couvert d'anonymat ne "pas comprendre" à quoi correspondent les chiffres donnés par
l'Ilec. "Depuis dimanche midi, nous avons signé les contrats avec 100 % des PME, 100 % des ETI et 90 % des multinationales", déclare cette source à l'AFP, évoquant "trois ou quatre multinationales" avec qui la situation est particulièrement tendue. Les négociations commerciales sont opaques et fastidieuses : chaque enseigne peut signer plus de 2.000 contrats d'approvisionnement sur des produits chaque année, dont 300 avec les grosses multinationales.
Pour les PME et ETI, la pression est "intenable", affirme Pact'Alim dans un communiqué. "Malgré des demandes de hausse moyenne des tarifs fournisseurs de 3 %, les entreprises ont fait face à une pression inédite sur leurs prix : 48 % des entreprises subissent une déflation sur leur prix, et celles qui parviennent à obtenir des hausses ne couvrent pas l'augmentation de leurs coûts de production", ajoute l'organisation, citant un sondage réalisé auprès de l'ensemble de ses adhérents depuis la fin des négociations. La Fédération des Entreprises et entrepreneurs de France (FEEF), qui représente 22.000 PME et entreprises de taille intermédiaires, alerte de son côté sur "l'urgence" à "adapter le cadre actuel de la relation industrie-commerce". "Celui-ci est devenu si complexe qu'il met en péril la compétitivité des entreprises du territoire". Evoquant la future réforme de la loi Egalim d'ici quelques semaines, la FEEF souhaite "adapter les règles de négociation à la taille des entreprises", dont certaines qui produisent des champignons séchés ou des confitures ont bien du mal à respecter les mêmes règles que les géants mondiaux de l'agroalimentaire. Elle demande aussi de "garantir un cadre économique viable aux PME-ETI".