Prix des aliments: agriculteurs, industriels et distributeurs débattent d'un nouveau calendrier

Des prix justes pour les agriculteurs dans le secteur agroalimentaire

L'alliance syndicale agricole majoritaire a proposé jeudi d'imposer aux industriels de l'agroalimentaire de négocier les prix avec les agriculteurs avant d'entamer des discussions avec les supermarchés, une idée soutenue par les distributeurs mais écartée par l'Association nationale des industries alimentaires (Ania).

Fixer une date pour fixer les prix 

Les agriculteurs veulent être "payés au juste prix de leurs produits" et ne pas se retrouver face à une entreprise leur disant, après des négociations avec les distributeurs, "voilà ce qu'il vous reste", a expliqué Arnaud Rousseau (FNSEA).
Pour s'assurer de cette construction du prix "en avant", la FNSEA et son
allié Jeunes agriculteurs proposent d'imposer une date butoir, le 1er décembre, comme il en existe une pour les négociations entre industriels et distributeurs.

Thierry Cotillard, patron des Mousquetaires/Intermarché et vice-président de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), défend cette évolution. Actuellement, "on signe avec Lactalis" alors que "les producteurs n'ont toujours pas fixé le prix du lait" auquel ils vendent à Lactalis, a-t-il regretté mardi sur BFM Business. Il faudrait plutôt "un premier niveau de négociation (...) entre agriculteurs et transformateurs", a-t-il dit.

Difficile à mettre en place 

Une telle idée est toutefois compliquée à mettre en œuvre, rétorque
Jean-François Loiseau, président de l'Ania. "En agriculture, il y a des spécificités suivant les filières", céréaliers, viticulteurs ou éleveurs, "il y a des clients avec qui on négocie deux ou trois fois par an, d'autres quasiment tous les jours", a-t-il expliqué à l'AFP. "On ne peut pas faire une règle unique, parce que ces filières sont elles-mêmes complètement atomisées", a ajouté le responsable. D'autant qu'à l'autre bout de la chaîne, l'agroalimentaire doit négocier avec un secteur, la distribution, très concentré, fait-il valoir.

M. Rousseau a par ailleurs évoqué jeudi la possibilité d'encadrer non seulement les négociations avec la distribution, mais aussi avec la restauration hors foyer (restaurant, cantines, etc), qui consomme environ 55% des produits alimentaires. Il ne s'agit pas de viser "le petit restaurateur qui achète deux cageots de" tomates", a-t-il souligné, mais "il y a quand même des acheteurs massifs qui (...) doivent, au même titre que la distribution, respecter la matière première agricole", a-t-il estimé. "Vous imaginez le bazar, l'inefficacité, la perte de temps, les coûts que cela va entraîner pour nos 19.500 entreprises ?" a répondu M. Loiseau. "N'allons pas dans de la suradministration qui ferait du tort à la compétitivité de nos filières", a-t-il ajouté.