Plan de relance : Un accélérateur des « transitions » pour les coopératives

En Auvergne-Rhône-Alpes, dix-sept projets portés par des coopératives ont été accompagné par le plan de relance pour un budget global de 45 millions d’euros, subventionné à hauteur de 13 millions d’euros.

Si les exploitations agricoles ont pu bénéficier du plan du relance, les entreprises y ont également largement émargé. Objectif affiché par le Gouvernement : au sortir de la crise Covid, ne pas mettre en péril la capacité productive du pays.
« Plan abattoirs », « Plan protéines », « Structuration de filières » et  « Bon diagnostic carbone » sont autant de mesures du plan de relance, dont se sont emparées les coopératives en Auvergne-Rhône-Alpes pour concrétiser des projets. La coopération agricole a fédéré les initiatives tout en les coordonnant en lien avec la Direction régionale de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt. « Le plan de relance a été un accélérateur sur plusieurs volets : compétitivité, agroécologie, réponse à la demande sociétale… », estime le DRAAF, Bruno Ferreira. Ainsi, parmi les vingt-et-un projets de modernisation d’abattoirs, et les dix-sept projets de structuration de filières, dix-sept ont été portés par les coopératives représentant un investissement total de 45 millions d’euros pour un montant de subvention de l’État de l’ordre de 13 millions d’euros. À l’occasion d’une conférence de presse, un panel des projets¹ a été présenté. Tour d’horizon.

Sicaba dans l’Allier modernise actuellement son abattoir de Vichy autour de quatre axes : l’amélioration du bien-être animal pour les quatre espèces abattues (porc, bœuf, veau et ovin), le renforcement de la sécurité des opérateurs, l’ergonomie des tâches et la garantie de l’hygiène. Coût total des investissements : 4,2 millions d’euros.

Covial est le pôle viande du groupe Altitude, situé à Aurillac dans le Cantal. Après avoir pris avec succès le virage du steak haché, le groupe souhaite élargir sa gamme autour du piécé sous format individuel, qui fait l’objet de la création d’un atelier spécifique. Par ailleurs, Covial poursuit ses travaux autour de l’amélioration du bien-être animal en bouverie ainsi que sur la chaîne de convoyage des porcs, et entend favoriser et développer l’engraissement des jeunes bovins sur ses territoires. L’investissement total du projet est de 4,358 millions d’euros, subventionné à hauteur de 40% par le plan de relance. Par ailleurs, la coopérative Altitude a également bénéficié dans le cadre du plan de relance, d’un accompagnement pour développer la production de très jeunes bovins primeurs mâles et femelles avec comme objectif de développer les volumes de 500 à 3 000 T/an.

Oxyane groupe coopératif agricole et alimentaire polyvalent rhônalpin qui réunit plus de 7 000 agriculteurs s’engage dans le développement de sa filière soja producteurs / éleveurs pour réduire la dépendance au soja importé des pays tiers et ainsi améliorer l’autonomie alimentaire régionale, en valorisant les complémentarités entre grandes cultures et productions animales, et renforcer les filières qualité régionale (voir par ailleurs). Dans cet objectif, une unité de trituration va être créée. Elle sera située à la Côte-Saint-André (Isère) à proximité de son site industriel de stockage de céréales et son usine d’aliments du bétail, afin d’optimiser l’ensemble de la chaîne logistique et de permettre aux adhérents d’Oxyane de bénéficier d’un débouché local, valorisant leurs productions dans une démarche territoriale de montée en gamme. L’unité de trituration aura, dans un premier temps, une capacité de traitement de 25 000 T. de graines de soja conventionnelles ou bio, et pouvant aller à terme à un développement jusqu’à 50 000 T, sachant que 18 000 ha de soja sur près de 200 000 ha de cultures sont maîtrisés par Oxyane. Montant total de l’investissement : 7,5 millions d’euros, subventionné à 20%. Par ailleurs, Oxyane s’est également engagé sur le volet décarbonation du plan de relance, en proposant des diagnostics « carbone » à ses agriculteurs.

Limagrain, groupe semencier international détenu par
1 300 agriculteurs en Limagne Val d’Allier travaille actuellement sur le projet ATLETIC (amélioration des légumineuses, évaluation technique et itinéraires culturaux). En effet, avec des rendements irréguliers et qui, en moyenne, ont régressé de 15 à 20% par rapport au pic atteint à la fin des années 90, les légumineuses à graines ont perdu de leur attractivité économique. Limagrain mobilise donc les compétences de ses équipes en création variétale, en expérimentation agronomique, comme en développement d’ingrédients pour restaurer l’intérêt de ces cultures en tant que production rémunératrice. Montant total du projet : 882 000 d’euros sur trente mois.

Feder Élevage implanté majoritairement en région Auvergne-Rhône-Alpes et en Bourgogne-Franche-Comté, commercialise la production bovine de ses 4 000 adhérents, dans des abattoirs locaux pour les animaux de boucherie et sur différents circuits pour les animaux à engraisser, en France, dont 30% auprès de ses adhérents, en Italie et dans des pays tiers. Le groupe s’est engagé dans un premier programme expérimental pour produire des animaux rentables, écologiques et correspondant à un marché. Le second programme vise à valoriser des mâles allaitants sous plusieurs formes, d’une part en produisant des bouvillons de races rustiques pour approvisionner le marché des femelles en tension. D’autre part, en testant la conduite optimisée de mâles français, du naisseur à l’abattoir.

Protéines : vers une augmentation du potentiel régional

Les coopératives Bresse Maconnais, Capdis et Jura Mont-Blanc se sont associées pour un projet d’unité de trituration de graines oléoprotéagineuses dans l’Ain. Ce projet est porté par leur filiale commune, la SAS NUTRALP, créée en 2021. À moyen terme, l’objectif de l’unité est de transformer 15 000 tonnes de graines d’oléo-protéagineux permettant de fabriquer des aliments d’origine Auvergne-Rhône-Alpes et non-OGM. Même ambition pour le projet UCAL Stockage et Protéines, porté par les trois coopératives de l’Allier : Coopaca, SICA BB et VAL’Limagne coop qui ambitionne de transformer annuellement 30 000 tonnes de graines de colza, soja et tournesol, avec une production de 20 000 tonnes de tourteaux et de 10 000 litres d’huile. Avec le projet porté par Oxyane, le potentiel global de trituration dans la région pourrait atteindre 70 000 tonnes de graines oléo protéagineuses locales (colza, tournesol et soja), soit environ 45 000 tonnes de tourteaux et 25 000 000 litres d’huile (avec doublement possible à terme). Montant total des investissements : 23 millions d’euros dont 5 millions subventionnés. Enfin, pour aller plus loin, Coop de France Auvergne-Rhône-Alpes a initié le projet COOPEARA (Coopération Protéines Élevages Auvergne-Rhône-Alpes).


¹ Outre les coopératives citées, d’autres structures ont été accompagnées dans la région. Il s’agit de l’abattoir Tradival de Vichy (Allier), de Sicarev Coop et de Coforêt.