Pour la Fnab, la bio vit une crise de croissance conjoncturelle

La Fnab ne s’inquiète pas outre mesure des distorsions de croissance entre l’offre et la demande, tout en demandant des mesures de soutien. Elle s’apprête à renforcer la robustesse de son label « Bio, français, équitable ».

« Le marché bio connaît une croissance à deux chiffres depuis de nombreuses années. Néanmoins les filières ont aussi besoin de temps pour se structurer et il est normal dans l’évolution d’un marché de connaître des crises de croissance. Nous considérons néanmoins qu’elles sont conjoncturelles et non structurelles ». Dans un communiqué, la Fédération nationale l’agriculture biologique (Fnab) réagit au « nouveau sport à la mode » consistant à dénigrer l’AB. « A entendre d'aucuns les marchés s'écroulent parce que le consommateur ne veut pas plus de produits sains pour son environnement et sa santé, et à en écouter d'autres l'agriculture biologique s'est perdue dans une dérive industrielle et donc il faudrait sûrement arrêter d'en consommer ? La boucle est bouclée, tout ça permet de justifier que la prochaine Pac ne soutiendra plus ce modèle agricole ».

En finir avec la politique du chiffre

La Fnab n’a toujours pas digéré l’arrêt définitif des aides au maintien de l’AB au profit des seules aides à la conversion dans la Pac 2023-2027, les Régions se voyant couper la possibilité d’apporter leur obole. L’encombrement de certains marchés bio, dont le lait et les œufs, semble accréditer la thèse de la Fnab estimant nécessaire d’accompagner les producteurs au-delà des cinq ans de conversion. Ce n’est pas l’option retenue par le ministère de l’Agriculture dans son Programme stratégique national, par ailleurs engagé dans une course au chiffre. Il reste deux campagnes pour passer de 9,5% (fin 2020) aux 12-13% visés à fin 2022, alors que la législature en cours visait les 15% en fin de mandat. L’objectif est fixé à 18% pour fin 2027. La Commission européenne pousse à la roue, en en inscrivant dans la Pac vert un objectif (non contraignant) de 25% en 2030. « Plutôt que de se fixer tel ou tel ratio d’AB en 2027 ou 2030, on devrait davantage se préoccuper de mieux rémunérer les producteurs qui, quel que soit le ratio, ont aussi pour effet de tirer les conventionnels vers le haut », déclarait au salon Tech&Bio Loïc Guines, président de la Chambre d'agriculture d'Ille-et-Vilaine et référent bio à l'APCA.

Pour passer la crise conjoncturelle, la Fnab demande des moyens pour relancer la demande, à travers des actions de communication au sein de l’Agence bio et des interprofessions et en rehaussant les objectifs d’introduction dans la restauration hors domicile, notamment en produits laitiers.

Le label « Bio, français, équitable » encore plus robuste

La Fnab poursuit par ailleurs son chantier de différenciation, consistant à compléter le label AB par des engagements additionnels formalisés dans le label « Bio, français, équitable » (BFE). En 2022, le BFE intègrera de nouveaux critères en matière de respect de la biodiversité et de conditions d’emploi et de rémunération des travailleurs agricoles. Les agriculteurs en vente directe pourront aussi l’afficher. A terme, le BFE couvrira les champs du bien-être animal et des pratiques favorables au climat. Le BFE sera peut-être ainsi le premier label à cocher toutes les cases de la durabilité.

Créé en 2020, le label BFE reprend le cahier des charges du label bio et garantit l’origine française des produits (Source : Fnab)
Créé en 2020, le label BFE reprend le cahier des charges du label bio et garantit l’origine française des produits (Source Fnab)

Créé en 2020, le label BFE reprend le cahier des charges du label bio et garantit l’origine française des produits.  Il répond aux critères du commerce équitable, inscrits dans la loi sur l’Economie sociale et solidaire datant de 2014, à commencer par une contractualisation sur au moins trois ans, assortie d’un prix rémunérateur établi sur la base des coûts de production. Dans le label BFE ce prix intègre la juste rémunération des agriculteurs au prorata des heures travaillées, assortie d’une marge leur permettant d'investir dans leurs outils de production et de commercialisation et de parer aux aléas et risques. Le label BFE intègre enfin le financement d’un fonds à hauteur de 1% du chiffre d’affaires réalisé sur les ventes de produits finis. Le fonds finances des projets collectifs ayant pour but de renforcer les conditions de travail, les capacités et l'autonomisation des bénéficiaires ou encore de soutenir et promouvoir le développement de l'agriculture biologique.