Trophées de l’Excellence Bio : le Gaec de Loran et Graine de choc lauréats 2021

L’Agence bio a distingué un élevage laitier du Gers 100% à l’herbe et 100% autonome et une jeune pousse valorisant la féverole en alimentation humaine. Deux Coups de cœur ont été attribués. Des prix emblématiques des transitions agroécologique et alimentaire à l’œuvre.

« Des céréales, du pain, de la pâte à tartiner et du lait : quand je regarde le palmarès de cette 8ème édition des Trophées de l’Excellence Bio, je vois un grand goûter qui prépare l’avenir de nos enfants ». C’est ainsi qu’Estérelle Payani a résumé la 8ème édition des Trophées de l’Excellence Bio. La journaliste culinaire et autrice d’une trentaine d’ouvrages en présidait le jury. « Cette année, nous avons reçu plus de 150 candidatures, indique Laure Verdeau, directrice de l’Agence bio. S’il rend la tâche du jury toujours un peu plus difficile, le succès des Trophées démontre le foisonnement d’initiatives dans toutes les filières et sur l’ensemble du territoire, des initiatives à la fois inspirantes et reproductibles ».

Les Trophées de l’Excellence Bio commencent du reste à faire des « petits », dans les Régions, en guise de pré-sélection au concours national. Après Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes pourrait emboiter le pas en 2022. 

"Aujourd’hui, nous récompensons des producteurs et des entreprises qui ont tous fait des choix d’avenir pour leur société, mais surtout pour notre environnement et notre alimentation"

Auvergne-Rhône-Alpes, justement et le salon Tech&Bio de Valence (Drôme). Celui-ci a servi de cadre à la remise des prix, et plus précisément le stand du Crédit agricole, partenaire des Trophées depuis l’origine, ici représenté par la Caisse régionale Sud Rhône-Alpes. « Aujourd’hui, nous récompensons des producteurs et des entreprises qui ont tous fait des choix d’avenir pour leur société, mais surtout pour notre environnement et notre alimentation », a déclaré Cyril Hugues, administrateur du Crédit agricole Sud Rhône-Alpes.

Gaec de Loran, Lauréat 2021, catégorie « producteurs »

Installé à Saint-Maur (Gers), Clément Nédellec élève 190 jersiaises sur une SAU de 200 ha, entièrement constituée de prairies, conduites en pâturage tournant dynamique et à 50% irrigables. « J’ai recours à une technique néo-zélandaise alliant sobriété et efficience », précise le jeune éleveur. Le Gaec de Loran pratique la monotraite et trait les vaches neuf mois sur douze. « Pas de pousse d’herbe en hiver, pas de lait », argumente Clément Nédellec. L’éleveur ménage ainsi les bêtes et « la bête », tout en produisant un lait repoussant les standards de qualité.

Graine de choc, Lauréate 2021, catégorie « associations-entreprises »

Basée à Beuvraignes (Somme), l’entreprise Graine de choc poursuit un seul et unique objectif : assurer un débouché alimentaire à la féverole bio. « J’ai découvert les vertus écologiques et nutritionnelles de cette plante et de ses graines il y a quelques années, tout en étant stupéfaite de ne pas la voir consommée en France », explique la lauréate. Ce n’est plus tout à fait vrai puisque Graine de choc produit une pâte à tartiner à base de féverole, « la seule pâte à tartiner du marché classée A au Nutriscore », précise-t-elle. Graine de choc a contractualisé avec quelques agriculteurs en garantissant à ces derniers un juste prix. L’entreprise compte bien étaler sa pâte à tartiner au-delà des Hauts-de-France et commence à diversifier son offre de produits, recettes à la clé.

Pierre Pujos, Coup de cœur 2021, catégorie « producteurs »

Pierre Pujos était un céréalier tranquille, installé dans les coteaux du Gers (Saint-Puy) jusqu’au jour où il a fait un choix radical et totalement à contre-courant, mais pas contre-nature. « J’ai créé de toutes pièces un troupeau de moutons pour corriger la baisse de fertilité de mes sols et lutter contre l’érosion, explique-t-il.  La reconnexion entre végétal et animal est très clairement l’un des sésames de l’agriculture ». Les moutons pâturent les terres les moins fertiles, les couverts, les chaumes et même les blés au stade tallage. L’été, quand tout est sec, le troupeau monte dans les Pyrénées. Tout sauf une sinécure mais tout sauf une surprise. « La surprise est venue au moment de vendre les bêtes car je produis une viande riche en fer dont la couleur sort des standards », regrette l’éleveur, qui compte bien à s’atteler à la vente directe, avec d’autres éleveurs.

Pascal Le Guern, Coup de cœur 2021, catégorie « associations-entreprises »

La lutte contre l’uniformisation et la standardisation : c’est l’un des combats de Pascal Le Guern, boulanger dans les Côtes d’Armor et dans le Finistère, sous l’enseigne Messidor. « Au niveau des variétés de blé et de la fabrication du pain, tout a basculé en 1950, explique l’artisan. On a sélectionné des variétés répondant à des impératifs agronomiques et technologiques mais qui n’ont produit que du standard et des phénomènes d’intolérance au gluten ». Avec l’aide d’agriculteurs, le boulanger a contribué à sélectionner et à (re)produire des variétés anciennes. « Et bretonnes », précise-t-il. « Là aussi, il y a tout un travail de rééducation aux goûts », déclare le boulanger, pétri de convictions.