Qui veut tester un complément alimentaire garant d’une viande bas carbone ? (et être rémunéré en conséquence)

La marque Polie veut faire rimer plaisir gustatif et lutte contre le réchauffement climatique, en proposant aux consommateurs une viande de haute qualité et bas carbone, moyennant l’incorporation dans la ration d’un complément alimentaire anti-méthanogène, dûment autorisé. Elle recherche son premier éleveur bovin partenaire.

Le consentement à payer les allégations relatives à l’origine, au bien-être animal, à l’environnement ou encore au commerce équitable : : tel est le défi que doivent relever les produits sous signe de qualité (AOC, AOP, STG, AB, label rouge...), défiés par l’inflation et la contraction des dépenses alimentaires, plébiscitant les premiers prix. Mais pour Théophile Prevel, fondateur de la marque de viande bovine Polie, toute fraiche émoulue, il n’y a pas de fatalité. « Nous voyons autour de nous de nombreux consommateurs à la fois conscients des émissions de gaz à effet de serre inhérentes à la viande bovine et attachés à ce produit qu’ils apprécient. Ceux-là sont disposés à assumer le surcoût induit par la production d’une viande bas carbone de qualité ». Une hypothèse que Polie souhaite confronter à la réalité, à travers une expérience-pilote, en partenariat avec un éleveur.

D’où provient le méthane ?

A l’intérieur du rumen, les fourrages et les concentrés sont dégradés en acides gras volatils sous l’effet de micro-organismes. Une partie de l’hydrogène (H2) généré par la fermentation entérique est convertie en méthane (CH4) sous l’effet d’autres organismes. Ce CH4, dont le pouvoir de réchauffement global est 82 fois plus élevé que celui du CO2 sur un horizon de vingt ans et 29 fois sur cent ans, est relargué dans l’atmosphère par éructation. Ce méthane émis par le rumen des bovins est responsable de 50% des émissions de gaz à effet de serre`(GES) des exploitations bovines, représentant ainsi à lui seul 5% des émissions nationales de GES.

Quels leviers de réduction ?

L’Institut de l’élevage a identifié quatre leviers de réduction d’émissions, à commencer par la génétique, du fait de la variabilité observée d’un animal à l’autre. Sur ce volet, plusieurs projets de recherche laissent augurer une réduction de 10% des émissions à un échéance de dix ans. Deuxième levier : la conduite du troupeau, plus précisément l’amélioration de la productivité par kilo de lait ou de viande, sous l’effet de la réduction des périodes improductives (se rapprocher du vêlage à deux ans, abaisser le taux de réforme et de renouvellement, améliorer la santé et la reproduction). Il y a là, selon l’Institut de l’élevage, entre 5 et 10% de méthane à économiser. Troisième levier : l’alimentation, porteuse d’une économie de 10 à 15%. L’Idele explore la piste d’un renforcement de la proportion d’amidon (dans la limite de 25% de la matière sèche), des lipides ou encore des nitrates. Au niveau des prairies, l’introduction d’espèces riches en tanins (chicorée, sainfoin…) est jugée bénéfique.

Avis de recherche

Dernier levier : les additifs alimentaires, tels que les algues. Ce levier consiste à intégrer dans la ration du bovin un additif réduisant l'activité des enzymes qui, dans le rumen, combinent H2 et CO2 pour former le CH4. C’est ce levier qu’entend exploiter Polie. « Ce levier est facile à mettre en œuvre car il n’engendre pas de changement de pratiques », indique Théophile Prevel qui fait état d’une baisse des émissions « allant de 30 à 90% selon les compléments utilisés ». « Les études démontrent la sûreté de ces solutions, pour la vache et pour le consommateur », prend-il soin de préciser.

Facteur limitant ?  « Le prix de ces compléments », répond Théophile Prevel. Polie veut permettre aux consommateurs de porter ce surcoût. La start-up recherche un éleveur bovin de race mixte (type Aubrac, Salers, Simmental), valorisant d’ores-et-déjà ses produits laitiers et viande en vente directe, auquel elle fournira gratuitement les compléments pour décarboner la viande destinée à ses clients. Contact : theophile.prevel@polie.eu.