Semae au défi de la « sécurité semencière »

Si la France peut s’enorgueillir d’être le premier producteur européen et le second exportateur mondial de semences et plants, la filière doit relever les défis du rétrécissement des ressources en produits phytos et en eau, et se trouve rattrapée par la question de l’attractivité et du partage de la valeur.

1er pays producteur européen, 1er exportateur mondial en semences agricoles, 2ème exportateur mondial toutes semences confondues : tel est le palmarès de la filière française des semences et plants pour la campagne 2022-2023. Selon les données de Semae, l’interprofession, la filière a réalisé chiffre d’affaires de 3,9md€, dont 56% à l’export, générant un excédent commercial de 1,2Md€, soit l’équivalent de l’excédent de l’ensemble des produits agricoles bruts en 2023.

Pas de souveraineté alimentaire sans sécurité semencière

Ces performance sont en ligne avec celles des années passées. Pour autant, la filière n’entend pas s’endormir sur ses lauriers et se déclare « mobilisée », confrontée à une « diversité et une multiplicité d’attentes, dans des délais contraints ». Elle doit accompagner la transition agroécologique, soutenir la création variétale et maintenir les capacités de production de semences via son réseau d’agriculteurs multiplicateurs. « Il en va de la sécurité semencière, laquelle constitue un pilier de la souveraineté alimentaire française », indique Semae dans un communiqué.

Parmi les défis à relever figurent les tensions croissantes sur la ressource en eau, dont l’interprofession espère que la production de semences bénéficiera d’un accès préservé dans les années à venir. Sur cette thématique, Semae a commandité à Axa Climate une étude destinée à évaluer les risques liés au changement climatique sur la production de semences de 30 espèces en France. L’accès aux substances actives nécessaires à multiplication est une autre source de préoccupation, alors que le catalogue de substances actives est inéluctablement amené à se réduire, sous l’effet du retrait des molécules les plus préoccupantes et du tarissement du pipe-line de nouveautés. C’est tout l’objet du Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait de substances actives au niveau européen et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures (PARSADA), dont Semae est partie prenante.

A la croisée du changement climatique et de la protection contre les bioagresseurs, Semae espère pouvoir bénéficier à plein des promesses des Nouvelles techniques génomiques (NGT).

Partage de la valeur

L’interprofession a aussi réalisé un travail d’introspection en ce qui concerne l’attractivité de la filière à l’égard des multiplicateurs. Et pour cause, la guerre en Ukraine et l’envolée des cours des céréales et oléoprotéagineux qui s’en est ensuivie a enfoncé un coin dans la compétitivité de la production de semences, au modèle économique nettement moins réactif que les marchés des grains. « La répartition de la valeur entre tous les acteurs de la filière est l’un des axes clés et levier de cette mobilisation, avance Pierre Pagès, président de Semae. Si les différents maillons qui la constituent ne peuvent gagner correctement leur vie, ils ne pourront plus continuer d’exister. Ainsi, la reconnaissance des organisations de producteurs dans le domaine des semences à la fin de l’année 2023 est une grande avancée ». Semae indique que sept organisations de producteurs ont d’ores-et-déjà été mises en place, six en maïs et une en chanvre.