Vers une augmentation du prix des semences

Pour la Fnams, le relèvement du prix des semences est un impératif pour garantir la compétitivité des surfaces en multiplication, mise à mal par l'envolée des cours des céréales et oléoprotéagineux.

« On fait de la multiplication de semences un peu par passion et parce que c’est un métier d’exigence, déclare Thomas Bourgeois, président de la Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences (Fnams). Mais entre un blé qui génère entre 2000 et 2500 €/ha de produit brut et une graminée fourragère à 1000 euros, je ne vous fais pas de petit dessin ». Pas de petit dessin mais le risque de voir s’écorner le dessein de cette filière d’excellence qu’est la semence certifiée, qui génère bon an mal an un excédent commercial de plus d’un milliard d’euros, selon Semae, l’interprofession des semences et plants.

Mais au-delà du milliard d’euros de solde commercial, c’est l’emblavement de millions d’hectares de céréales, oléoprotéagineux, potagères et fourragères qui est suspendu à la production de semences.

Selon la Fnams, les productions de semences de légumineuses fourragères (luzerne, trèfle violet) ou encore de potagères pourraient faire les frais des arbitrages des multiplicateurs. « Dans le sud de la France, avec un blé dur à 500 €/t et un tournesol à 800 €/t, sans charges ni de main d’œuvre, ni d’irrigation, des potagères telles qu’oignons ou carottes vont avoir beaucoup de mal à rivaliser », prédit Thomas Bourgeois.

En mars dernier, l’Association nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences oléagineuses (Anamso) s’inquiétait du sort réservé à la production de semences de colza et de tournesol, concurrencées par le marché des graines.

Pas de risque de pénurie mais...

Faut-il redouter un risque de pénurie sur certaines espèces ? Thomas Bourgeois refuse de jouer les oiseaux de mauvais augure mais... « Tout dépendra des établissements semenciers. S’ils ne veulent pas mettre la main à la poche, les discours sur la nécessité de ne pas casser la filière d’excellence qu’est la semence trouveront leur limites ».

Face à la menace, Semae, la Coopération agricole et la Fédération du négoce agricole (FNA) sont montées au créneau, invitant « l'ensemble des opérateurs qu'ils représentent à s'assurer de la juste prise en compte, dans le cadre des négociations commerciales et à tous les maillons de la filière, de l'augmentation des charges et de l'évolution du prix des matières premières ».

Les semences jusque-là épargnées par la hausse des prix

Selon la dernière publication d’Agreste, faisant état d’une augmentation de l’Indice des prix d’achat des moyens de production agricole (IPAMPA) de +20,7% sur un an (à fin février), les semences ont été relativement épargnées par la hausse généralisée du prix des intrants. La hausse n’est « que » de 2,2% quand elle atteint +82% pour les engrais (+117,4 % pour les engrais azotés simples), +57,3% pour le GNR et +15,1% pour l’aliment. « On est toujours en discussion avec les établissements semenciers, indique Thomas Bourgeois. Si tous les éléments sont réunis, on ne voit pas pourquoi cela ne fonctionnerait pas. La France est un super beau pays producteur de semences ». Passion et fierté.