[SIA 2024] Pour l’ouverture, un débat improvisé et le soulèvement... de terriens

Quelques centaines d’agriculteurs ont franchi les barrières de sécurité à l’arrivée du président de la République, retardant l’ouverture au public et flirtant le chaos. Emmanuel Macron a tout de même rétabli le dialogue dans un débat improvisé de plus de deux heures, au cours duquel il a fait quelques annonces, avant de déambuler sous haute protection et de se diriger vers un nouveau record de présence.

Pour ses 60 ans, la Salon de l’agriculture a fait, pour la première fois, l’expérience d’affrontements entre forces de l’ordre dans l’enceinte enceinte même du Salon. Les incidents se sont produits au moment de l’arrivée du chef de l’Etat, comme de tradition dans le hall 1, qui héberge les animaux de toutes races, dont Oreillette, la Normande égérie de la 60ème édition.

60ème édition, go ! Enfin presque...
60ème édition, go ! Enfin presque...

A distance des huées, sifflets et autres appels à la « démission » d’agriculteurs brandissant des drapeaux de la FNSEA, des JA et de la Coordination rurale, le président de la République s’est abord entretenu avec l’ensemble des représentants des syndicats dès son arrivée, une faveur d’habitude réservée à la FNSEA et aux JA.

Pour ses 60 ans, la Salon de l’agriculture a fait, pour la première fois, l’expérience d’affrontements entre forces de l’ordre dans l’enceinte enceinte même du Salon
Pour ses 60 ans, la Salon de l’agriculture a fait, pour la première fois, l’expérience d’affrontements entre forces de l’ordre dans l’enceinte enceinte même du Salon

Mais la rencontre n’a pas suffi à calmer des individus qu’Emmanuel Macron a qualifiés « d’excités », au nombre de « 300 à 400 », personnes selon les forces de l’ordre. Certaines d'entre elles ont notamment dégradé le stand de la Commission européenne et se sont massées près de l’espace réservé à la race normande, plus incontournable que jamais cette année, et lieu de passage obligé du chef de l'Etat.

Les échanges ont été parfois tendus (Crédit photo : L. Delaroa)
Les échanges ont été parfois tendus (Crédit photo : L. Delaroa)

A plusieurs reprises, le président a dit sa préoccupation de voir le salon se dérouler dans des conditions normales, « pour les familles, pour les exposants et pour les éleveurs ayant travaillé pendant des mois » avant leur venue au Salon.

La nuit précédant le Salon, la FNSEA et les JA avaient donné le ton en passant la nuit devant l’entrée du salon
La nuit précédant le Salon, la FNSEA et les JA avaient donné le ton en passant la nuit devant l’entrée du salon

Pour tenter de débloquer, la situation, le président a proposé de débattre avec une vingtaine d’agriculteurs, un exercice qui aura duré près de deux heures et demie et pendant lequel le président de la République fera plusieurs annonces, telles que la mise en place d’un « plan de trésorerie d'urgence » dès ce lundi, l’intégration de « prix planchers » dans une nouvelle loi Egalim ou encore la reconnaissance de notre agriculture et notre alimentation comme un « intérêt général majeur de la nation française ».

Le soulèvement... des terriens

La veille, la FNSEA avait décliné l’invitation de l’Elysée souhaitant organiser sur l’un des rings du hall 1, le samedi matin, un « grand débat » sur « l’avenir de l’agriculture française » et sur « la souveraineté agricole et alimentaire française ». Aux côtés des syndicats agricoles étaient conviées les organisations syndicales et professionnelles, les industries agroalimentaires, la grande distribution et les associations environnementales impliquées dans différentes instances (groupes loup, Ecophyto...).

Mais l’invitation des Soulèvements de la Terre, qu'Emmanuel Macron a démentie « totalement » , a déclenché l’ire des agriculteurs. « On ne peut pas mener de débat avec des gens qui ne respectent pas le cadre de nos productions, de nos territoires et viennent jeter des cocktails molotov au moment où on construit des réserves de substitution, parce que l’eau est un moyen essentiel », avait réagi Arnaud Rousseau, la président de la FNSEA la veille de l’ouverture du salon, précédant un soulèvement... de terriens.

"Qui aurait dit ce matin que douze heures plus tard, on se retrouverait ici à continuer de travailler, d’avancer "

Après le débat de deux heures et demie, le chef de l’Etat a officiellement inauguré le salon et échangé avec Lucie et François Foucault, les propriétaires d’Oreillette. Il a ensuite déambulé comme à l’accoutumée mais toujours sous quelques sifflets et huées et moyennant des restrictions d’accès. Emmanuel Macron était bien parti pour battre un nouveau record présence. « Qui aurait dit ce matin que douze heures plus tard, on se retrouverait ici à continuer de travailler, d’avancer », a-t-il déclaré dans le hall 4 au cours d’une conférence de presse d’une vingtaine de minutes aux alentours de 20 heures, avant de prendre la direction des Brasseurs de France. « On va boire une bière, vous venez ? », a-t-il lancé à la cantonade.

Plus sérieusement, le chef de l’Etat a invité les représentants des syndicats agricoles et des filières dans trois semaines à l’Elysée.