Soins alternatifs (1/3) : L’acupuncture pour faciliter les vêlages

L’acupuncture est l’un des aspects de la médecine chinoise. Cette science est de plus en plus prise en main par les éleveurs pour soigner leur troupeau. C’est le cas de Laurent Richard, en Vendée, qui utilise les aiguilles pour faciliter les vêlages.

C’est un peu par hasard que Laurent Richard, éleveur sur la commune de Sainte-Flaive-des-Loups (Vendée), s’est initié à l’acupuncture. « Je m’étais inscris à une formation de la chambre d’agriculture avec le docteur Nayla Cherino Parra. Mais je n’avais pas bien compris de quoi il s’agissait », se souvient-il, amusé. Pourtant, les deux jours de stage en ont fait un adepte de cet aspect de la médecine chinoise traditionnelle, qui consiste à piquer avec des aiguilles des points précis sur la peau. Ces derniers sont situés sur un réseau de méridiens et permettent de rééquilibrer l'énergie du patient, ou dans le cas de Laurent, du bovin. L’éleveur a désormais toujours son kit d’aiguilles à portée de main en cas de vêlage difficile pour ses 80 prim’holstein. Il refait le stock de ces outils à usage unique une fois par an.

« Pour les chevaux, ce sont les mêmes aiguilles que chez l’homme. Par contre pour le cuir des bovins, il faut des aiguilles un peu plus grosses. Tout dépendra aussi des membres dans lesquels elles sont utilisées », précise le docteur vétérinaire Caroline Ferry-Wilczek, basée à Olonne-sur-Mer (Vendée) et détentrice d’un DIE Acupuncture.

Des résultats plus que probants

« J’avais une génisse pour laquelle je me demandais vraiment comment le vêlage allait être possible, témoigne Laurent Richard. J’ai appliqué les aiguilles sur les points vus en formation, d’abord pour le triangle d’immunité (points de la rate, du rein et du foie), mais aussi pour le basculement du bassin, les contractions et l’ouverture du col. Une heure plus tard, tout était ouvert ». L'éleveur évoque aussi les "points ovaires" à appliquer au moment de l’insémination ou encore ceux concernant les gros nombrils. Laurent Richard se félicite même d’avoir ranimé un veau après un vêlage grâce à l’acupuncture.

« Ce n’est pas magique non plus. Dans certains cas, les résultats sont très rapides et parfois il faut répéter le traitement d’acupuncture pendant des périodes plus longues. Dans certaines situations, il peut aussi y avoir une faible réponse, voire pas de résultat », nuance Caroline Ferry-Wilczek. Pour elle, les principales utilisations de l’acupuncture concernent les boiteries, les vaches qui ne se relèvent pas ou encore les problèmes de fertilité.

La spécialiste des médecines chinoises a récemment obtenu de très bons résultats sur une vache qui restait couchée après un vêlage. « L’éleveur m’avait appelé dans la journée. Plus l’intervention est rapide et mieux c’est. Sauf pour les cas d’inflammation pour lesquels il faut laisser 48h à l’organisme pour se rééquilibrer avant de tenter quelque chose », recommande la vétérinaire. À la fin de la séance, la vache recommençait à ramper et à faire trois ou quatre foulées. « Je ne pouvais pas intervenir en ostéopathie car la zone la plus verrouillée se trouvait sous la vache et nous ne pouvions pas la retourner. J’ai appliqué les points ReinYang qui agissent sur le tonus postérieur », détaille-t-elle.

Une approche globale

Si l’image de l’acupuncture s’arrête souvent aux aiguilles, cette science englobe pourtant une démarche beaucoup plus globale. Selon la vétérinaire, « cela passe par un diagnostic complet de médecine chinoise qui tient compte de l’environnement et des liens profonds avec les organes ». De manière paradoxale, les aiguilles ne sont jamais appliquées sur une zone douloureuse. Les points ciblés sont en lien avec la douleur tout en étant éloignés. « La vache qui ne se relevait pas avait des zones très spasmées sur le dos. J’ai d’abord attendu qu’elle se détende avant d’y appliquer les aiguilles », précise Caroline Ferry-Wilczek.

De la même manière, elle masse toujours au préalable les points sur lesquels seront appliqués les aiguilles, puis elle gratte l’animal ailleurs au moment de les enfoncer. Pour Laurent Richard, l’éleveur lui-même doit se mettre en phase avec l’esprit de ce type de soin. « Il faut changer de comportement en entrant dans la stabulation pour s’adapter aux animaux. Le mot d’ordre c’est d’être "ici et maintenant" ».

 

Tous les articles de la série :

Soins alternatifs (1/3) : L’acupuncture pour faciliter les vêlages

Soins alternatifs (2/3) : "J’utilise moins d’anti-inflammatoires grâce à l’ostéopathie"

Soins alternatifs (3/3) : "J’ai traité tous mes gros nombrils avec de l’homéopathie"