Soins alternatifs (3/3) : "J’ai traité tous mes gros nombrils avec de l’homéopathie"

L’homéopathie pourrait représenter un complément, voir une alternative aux antibiotiques dans les élevages. C’est en tout cas la conviction de la vétérinaire Marie-Noëlle Issautier. Sur sa ferme, Xavier Randoux en fait l’expérience depuis bientôt deux ans.

L’homéopathie, Xavier Randoux n’y croyait pas vraiment. Pourtant, quand il voit que sa femme y a largement recours pour elle et leurs enfants, il se décide à suivre une formation de deux jours à la chambre d’agriculture des Hauts de France. « Je n’avais pas vraiment d’attentes, c’était plus par curiosité », témoigne l’agriculteur installé à Peuplingues dans le Pas-de-Calais et qui élève un troupeau de 35 charolaises. En revenant de la formation, il teste ce qu’il a appris sur un veau avec un cas de gros nombril, et le traitement fonctionne. Alors que son élevage nécessite en moyenne une dizaine de traitements médicamenteux par an sur ce type de pathologie, il indique ne pas en avoir utilisé un seul lors du dernier hiver grâce à l’homéopathie.

« De nombreuses diarrhées chez le veau sont dues à la douleur et aux gros nombrils. En soignant les gros nombrils avec l’homéopathie, qui va calmer l’inflammation et la douleur tout en activant le système immunitaire, les cas de diarrhées vont diminuer », précise Marie-Noëlle Issautier, vétérinaire spécialiste du sujet.

Mais les gros nombrils ne sont pas les seules pathologies à pouvoir être soignées par l’homéopathie. « Il y a quelques mois, je partais en week-end, j’avais préparé un remède à administrer à des veaux qui toussaient. Le jeune qui est venu s’occuper de l’exploitation a été épaté. Dès le samedi soir, la toux avait disparu », se souvient Xavier Randoux. La vétérinaire indique également que l’homéopathie peut être utilisée pour toutes les causes de traumatismes : écornage, problème de vêlage, contusion, parage, etc.

Accumuler l’expérience pour connaître les remèdes

Pour élaborer ses remèdes, l’éleveur nordiste se base sur les acquis de la formation ainsi que sur le livre « Homéopathie pour tous les ruminants » du docteur Issautier aux éditions France Agricole. « Il faut savoir prendre le temps d’observer les animaux. C’est le "comment" et pas le "pourquoi" qui est intéressant. Ensuite, c’est de la connaissance et de l’expérience », témoigne-t-elle.

Le temps, justement, Xavier Randoux n’a pas l’impression de le perdre en utilisant l’homéopathie. « Quand il y a un problème, j’attends toujours un ou deux jours pour appeler le vétérinaire. C’est le temps que je me laisse pour observer si le remède homéopathique fonctionne », indique l’éleveur. En terme de posologie, il applique un système simple de répétabilité avec trois doses le premier jour, deux le second et une le troisième jour. « C’est vrai qu’il faut prendre en compte qu’en plus du temps d’observation, il faut quand même attraper l’animal six fois en trois jours », concède-t-il.

"En homéopathie, l’important ce n’est pas la dose"

Pour l’administration du médicament, chacun a sa petite recette. Éleveur laitier en Vendée, Laurent Richard distribue 0,1 l/jour de Phytolac au troupeau pendant un mois via l’alimentation lors du passage au robot de traite. « L’important c’est d’être au contact des muqueuses. Avant je l’appliquais à la vulve mais c’était trop contraignant », relève l’éleveur. Marie-Noëlle Issautier valide les deux techniques. « En homéopathie, l’important ce n’est pas la dose. L’idée c’est de donner un message qui va entraîner une réaction en cascade pour obtenir une réponse favorable. Après c’est à chaque éleveur de trouver sa recette », affirme-t-elle.

Un triple cadre réglementaire

Selon la vétérinaire, l’homéopathie animale va prendre de l’ampleur dans les années à venir « Ce qui est dommage, c’est qu’il y a un message contradictoire. D’un côté, l’homéopathie n’est plus remboursée en médecine humaine et de l’autre elle est encouragée en élevage. C’est un peu comme si le message disait que ça fonctionnait pour les animaux mais pas pour les humains », regrette-t-elle.

Marie-Noëlle Issautier précise qu’au niveau européen et français, l’homéopathie animale est encadrée par une triple réglementation. « D’une part l’homéopathie a un statut de médicament vétérinaire, ensuite elle est soumise à la réglementation sur les limites maximales de résidus et enfin elle est définie par son procédé de fabrication, selon la réglementation sur les médicaments homéopathiques », explique-t-elle.

Concrètement en France, il existe vingt spécialités distribuées par les vétérinaires avec des autorisations de mise sur le marché (AMM), des posologies et des durées de traitement. Pour le reste, les éleveurs peuvent se fournir en tubes d’homéopathie en pharmacie. Dans ce type de situation, la vétérinaire conseille de « diluer un tube dans un litre d’eau ».

 

Tous les articles de la série :

Soins alternatifs (1/3) : L’acupuncture pour faciliter les vêlages

Soins alternatifs (2/3) : "J’utilise moins d’anti-inflammatoires grâce à l’ostéopathie"

Soins alternatifs (3/3) : "J’ai traité tous mes gros nombrils avec de l’homéopathie"