Soins alternatifs (2/3) : "J’utilise moins d’anti-inflammatoires grâce à l’ostéopathie"

Que ce soit pour une boiterie ou pour une vache qui ne se relève pas après un vêlage, l’ostéopathie est une solution de plus en plus utilisée en élevage. En Bretagne, Glenn Louvel fait régulièrement appelle à une ostéopathe professionnelle pour soigner ses vaches.

Depuis cinq ans, Glenn Louvel, éleveur laitier à Thourie en Ille-et-Vilaine, fait appel aux services d’une ostéopathe pour ses 90 prim’holstein. « Je l’appelle en moyenne tous les deux à trois mois, en cas de problème après un vêlage ou lorsque la vache a glissé ou s’est faite bousculer pendant les chaleurs et qu’elle boite », témoigne l’éleveur. Selon la définition de l’ordre national des vétérinaires, l’ostéopathie animale repose sur des « manipulations ayant pour seul but de prévenir ou de traiter des troubles fonctionnels du corps de l'animal ». Depuis début 2020, la pratique en est même interdite sous peine de poursuite aux personnes qui ne seraient ni vétérinaires, ni inscrites au registre national d’aptitudes de la discipline.

Pour Glenn Louvel, c’est l’installation d’une professionnelle de l’ostéopathie pour bovins à proximité de son exploitation qui lui a fait franchir le pas. Après une première rencontre à Rennes, il l’appelle pour une vache qui ne se relève pas suite à un vêlage. « Depuis que j’ai recours à cette médecine alternative, ma consommation d’anti-inflammatoire a largement diminué. Encore récemment j’avais une boiterie que les vétérinaires n’expliquaient pas. L’ostéopathe a diagnostiqué une double entorse et elle a manipulé l’animal pendant 30 minutes. Aujourd’hui la vache remarche normalement », relève l’éleveur. L’intérêt est également économique. De son propre aveu, une séance d’ostéopathie coûte moins cher qu’un traitement anti-inflammatoire.

Glenn Louvel, éleveur laitier à Thourie en Ille-et-Vilaine, fait appel aux services d’une ostéopathe pour ses 90 prim’holstein.

Une pratique sans « crac »

En Vendée, la vétérinaire Caroline Ferry-Wilczek propose des interventions d’ostéopathie aux éleveurs. « Comme en acupuncture, j’interviens lorsque la vache ne se relève pas après un vêlage ou en cas de boiterie. Je peux aussi me déplacer pour des problèmes de fertilité », explique-t-elle. Sa double casquette ostéopathe et vétérinaire lui permet de faire le lien entre les pathologies. « Tous nos organes se raccrochent à une ou plusieurs vertèbres. Lorsqu’il y a une douleur sur le colon, cela impacte la vertèbre associée et provoque une boiterie. De la même manière, un mauvais confort digestif va entraîner une tension chronique sur le dos, qui va finalement générer une boiterie. C’est encore plus marqué chez les bovins qui sont des quadrupèdes », détaille la vétérinaire.

Pour ces interventions, la vendéenne prévient tout de suite qu’il n’est pas question de faire craquer l’animal comme les clichés souvent relayés à propos de l’ostéopathie pratiquée chez les humains. « Ce n’est pas possible d’expliquer à un animal qu’il va avoir mal lors de la manipulation. Il y a trop de risque de prendre un coup de patte », relève Caroline Ferry-Wilczek. Elle préfère les méthodes d’ostéopathies douces. La méthode de la densité consiste à faire fondre un point de tension, alors que l’approche des fascias joue sur l’élasticité des tissus. « Pour cette seconde technique, il faut visualiser un tuyau d’arrosage sur lequel l’ostéopathe tirerait doucement », illustre-t-elle. Les résultats peuvent être immédiats ou nécessiter plusieurs séances de manipulations.

Dénouement des tensions

Récemment, la vétérinaire vendéenne est intervenue sur deux veaux qui avaient la tête penchée vers l’avant comme un torticolis, suite à une angine. Cette situation les empêchait de téter normalement. « La bactérie de l’angine était venue jusque dans l’oreille interne, ce qui avait provoqué une tension crânienne. La zone était complètement figée alors qu’elle est censée être malléable. Par effet domino, la tension s’était propagée sur tout l’organisme », décrit Caroline Ferry-Wilczek. Elle a réalisé un travail d’abord en densité, puis en fascia sur les deux veaux. « Je suis repassée pour une vache quelques jours plus tard et ils avaient tous les deux redressés la tête », précise-t-elle

Pour autant, ostéopathie ne veut pas dire magie. « Ça ne fonctionne pas à tous les coups. Dans certaines situations, la professionnelle qui intervient dans mon élevage m’explique qu’elle ne peut rien faire », constate Glenn Louvel. Chez lui, la pratique de l’ostéopathie a pris une dimension plus importante et plus régulière. Il accueille maintenant une à deux fois par mois des étudiants de l’école d’ostéopathie de Rennes qui viennent se former sur ses vaches. « Au début j’appréhendais un peu. Mais je me suis rendu compte que les cinq ou six vaches manipulées pendant la session du matin étaient celles qui se laissaient le plus facilement attraper l’après-midi. Ça ne doit pas être désagréable pour elle », sourit l’éleveur.

 

Tous les articles de la série :

Soins alternatifs (1/3) : L’acupuncture pour faciliter les vêlages

Soins alternatifs (2/3) : "J’utilise moins d’anti-inflammatoires grâce à l’ostéopathie"

Soins alternatifs (3/3) : "J’ai traité tous mes gros nombrils avec de l’homéopathie"