[Témoignage] Quand enseigner redonne du sens au métier d'agriculteur

Stéphane Faidy, 38 ans, est éleveur et aussi moniteur à la MFR de Pouzauges. Une double activité qui lui a permis de redynamiser son approche professionnelle.

« J’ai toujours aimé transmettre. Dans notre exploitation, nous avions l’habitude d’accueillir des stagiaires ou des apprentis, des groupes scolaires. A l’époque, la ferme comptait 60 vaches allaitantes, 300 chèvres et une activité de vente directe. En 2019, nous avions organisé des portes ouvertes, c’était important pour nous de créer du lien avec le grand public et pourquoi pas de susciter de nouvelles vocations.
Au fil des années j’ai commencé à tourner en rond. Je me suis retrouvé seul chef d’exploitation avec deux salariés. J’avais besoin d’évoluer vers autre chose, en dehors de l’exploitation et d’aller plus loin dans la transmission. J’étais toujours autant passionné par mon métier, mais je n’avais plus vraiment de projet professionnel.
En 2023, j’ai donc décidé d'envoyer une candidature spontanée à la MFR de Pouzauges. En fait, j’ai postulé assez simplement… en mettant en avant mon expérience d’agriculteur, mes connaissances en productions animales et mon aisance face aux jeunes.

J’avais découvert le principe des MFR deux ans plus tôt, en embauchant un apprenti de l’Iréo des Herbiers. J’ai tout de suite apprécié ce relationnel fort entre jeunes, moniteurs et professionnels. 

Du concret !
Ma plus grosse appréhension était d’aborder la vie résidentielle, car c’était vraiment nouveau pour moi ! J’avoue aussi que mon tout premier cours avec des Terminales m’a mis en stress ! Mais tout s’est très vite bien passé ! Comment être plus crédible qu’un professionnel aux yeux des jeunes ? Dans quasiment tous les sujets abordés, je peux faire référence à mon vécu. On captive forcément les élèves en apportant du concret. 

Depuis deux ans, j’apprends aussi beaucoup de mon rôle de moniteur. Intervenir en classe a provoqué une grosse remise en question de mon travail d’agriculteur. J’ai réalisé le décalage entre ce que je leur disais de faire et mes pratiques déformées par la routine. Ce n’était pas cohérent. J’ai aussi découvert un territoire pouzaugeais différent du mien avec d’autres systèmes. Les échanges sont vraiment riches. 

Cette nouvelle activité a en revanche complexifié mes semaines et la gestion de l’exploitation. Pour cette raison, j’ai arrêté l’atelier caprin. J’ai fait le choix de conserver mon travail à la MFR plutôt que de revenir à 100 % à la ferme. Je n’ai pas envie de lâcher mes jeunes ! 

J’encourage d’autres éleveurs à tenter cette expérience. Il faut essayer si on se sent à l’aise devant un groupe ! C’est une vraie chance pour ces futurs professionnels de bénéficier de nos connaissances. On aura besoin d’eux plus tard, alors à nous de participer à leur formation ! »