Un rapport sur la prévention des suicides d'agriculteurs

Le député LREM du Lot-et-Garonne Olivier Damaisin doit remettre mardi au Premier ministre un rapport présentant des pistes pour accompagner plus précocement les agriculteurs en difficulté et tenter d'enrayer les suicides qui endeuillent régulièrement la profession.

L'élu s'était vu confier cette mission par le gouvernement lors du salon de l'agriculture, en février. Il avait initialement un délai de six mois pour remettre son rapport, mais le calendrier a été bousculé par la crise

sanitaire. "Il y a des petites solutions que je vais proposer qui peuvent sauver des vies", a estimé auprès de l'AFP M. Damaisin, en amont de la présentation de son travail à Jean Castex. Ces mesures ne nécessiteront pas forcément de passer par la voie législative, dans l'optique d'"arriver à faire vite pour diminuer le nombre de suicides", a-t-il précisé. Une "surmortalité statistique par suicide pour les exploitants agricoles, comparés à la population générale, a été mise en évidence", rappelait en juin l'observatoire national du suicide. Cette surmortalité est "particulièrement marquée chez les éleveurs bovins (lait et viande) âgés de 45 à 54 ans".

Des chiffres en-deçà de la réalité 

Pour la seule année 2015, 372 suicides d'exploitants agricoles avaient été recensés, soit plus d'un par jour, selon les statistiques les plus récentes de la sécurité sociale agricole, la MSA. Le député, qui regrette l'absence de données actualisées, souligne que ce nombre est réputé en deçà de la réalité, des décès étant susceptibles d'être comptabilisés comme accidents du travail, par exemple. Si le constat est sombre, Olivier Damaisin veut croire qu'un "tabou" a été brisé depuis la sortie en septembre 2019 du film "Au nom de la terre", qui a remporté un vif succès en France, avec deux millions d'entrées en salles, surtout en régions. Basé sur l'histoire du père du réalisateur Edouard Bergeon, Guillaume Canet y incarne un éleveur de volailles pris dans la spirale du surendettement, qui sombre dans la dépression. Jusque-là, la question du mal-être paysan restait globalement "mise sous cloche", de l'ordre du "non-dit plutôt que du déni", estime M. Damaisin.