Ventes des produits phytos en 2020 : l’amorce d’une baisse ?

Le ministère de l’Agriculture vient de publier les chiffres des ventes de produits phytosanitaires pour l’année 2020 en France. La moyenne triennale des quantités de produits conventionnels vendus est la plus faible depuis 10 ans. La part des ventes des substances les plus dangereuses diminue.

Les ventes des produits phytopharmaceutiques sont déclarées chaque année par les distributeurs au titre de la redevance pour pollutions diffuses et versées dans la banque nationale des ventes des distributeurs de produits phytopharmaceutiques (BNVD). Les données provisoires des ventes agrégées à l’échelle de la France entière pour l’année 2020, issues des déclarations réalisées début 2021, sont désormais disponibles et ont été publiées par le ministère de l’Agriculture le 30 juillet.

En 2020, les ventes totales de substances actives s’élèvent ainsi à 65 341 tonnes, un chiffre au plus bas depuis 2012. Des données à mettre au regard des deux dernières années qui ont été atypiques : en 2018, les quantités de substances actives vendues s’étaient envolées à près de 85 000 tonnes, une hausse expliquée à la fois par le contexte climatique de l'année 2018 (particulièrement propice aux maladies et ravageurs) et par la hausse de la redevance pour pollutions diffuses au 1er janvier 2019 ayant pu conduire à des achats anticipés. En 2019, les ventes avaient en compensation fortement baissé à 54 910 tonnes.

Baisse tendancielle

Les chiffres de 2020 confirment-ils une tendance à la baisse ou bien reflètent-ils toujours les achats anticipés de 2018 ? Il faudra attendre les données des ventes de 2021 et de 2022 pour en avoir la certitude. Il faudra aussi attendre la publication des indicateurs du plan Ecophyto, basés sur le nombre de doses unité (aussi appelé Nodu). Le Nodu 2020 sera déterminé après publication des données consolidées en fin d’année, indique-t-on au ministère de l’Agriculture.

Le ministère tire toutefois quelques conclusions suite à la publication des chiffres des ventes en 2020. D’une part, la moyenne triennale 2018-2020 des quantités de substances actives « conventionnelles » (hors AB et biocontrôle) vendues est la plus faible depuis 10 ans. Elle s’élève à 47 540 tonnes par an, contre 55 670 tonnes par an pour la période 2014-2016.

A l’inverse, les ventes de produits utilisables en Agriculture biologique et les produits de biocontrôle confortent leur augmentation tendancielle : les données provisoires pour 2020 (21 305 tonnes) en font la seconde année la plus élevée après 2018 et la moyenne triennale est la plus élevée enregistrée (20 856 tonnes par an), avec une progression de 20% par rapport à la moyenne triennale 2015-2017.

Evolution des quantités totales de substances actives vendues par type d’usages (source : ministère de l'Agriculture)

Pas de chute des utilisations du glyphosate

Parmi les autres données publiées, on notera que la proportion de substances actives classées CMR1 (cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction avérées ou présumées) parmi l’ensemble des substances diminue sensiblement, passant de 3,8% à 1,6%. Celle des substances actives classées CMR2 (cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction suspectées) reste plutôt stable à 10,6%.

Les quantités vendues de glyphosate s’élèvent à 8 644 tonnes en 2020. En moyenne triennale, le niveau des ventes s’établit à 8 151 tonnes par an pour 2018-2020, en légère diminution par rapport à la moyenne 2017-2019. « Cette évolution ne reflète pas les mesures entreprises dans le plan de sortie du glyphosate », note le ministère. Les effets des nouvelles restrictions d’usages sur les ventes de glyphosate ne seront pas observés avant 2022. Ils devraient à terme « permettre d’atteindre une baisse de 50% des utilisations de glyphosate par rapport au début du quinquennat », précise le ministère.