Pesticides : la trajectoire de réduction du plan européen « Zéro pollution » sur la bonne voie mais…
Un rapport de l’Agence européenne pour l'environnement nuance les baisses d’usage de 46% des pesticides totaux et de 25% des plus dangereux, du fait des retraits et de la difficulté de jauger l’incidence des pratiques durables, alors que les concentrations et les impacts environnementaux restent élevés et ne diminuent pas. Et de rappeler les lacunes de l’indicateur HRI.
En 2021, à la croisée des stratégies Farm to fork et Biodiversité, l’Union européenne lançait son plan d’action « vers une pollution zéro pour l’air l’eau et le sol », avec une dizaine d’objectifs et d’indicateurs en « Zéro pollution ». Parmi eux, la réduction de 50% de l’usage et des risques des pesticides, avec comme référence la période 2015-2017. Un pari en passe d’être réussi.
Le 3 mars, la Commission européenne et l’Agence européenne pour l'environnement ont publié un rapport d’étape relatif à l’année 2022. En ce qui concerne les pesticides, le tableau de bord fait en effet état d’une réduction de 46% de l’utilisation et de risques liés aux pesticides chimiques. « Si le rythme d’amélioration se maintient, l’état et la tendance passée indiquent que l’UE est en bonne voie pour atteindre l’objectif d’ici 2030 », lit-on dans le rapport, précisant que « l’un des facteurs potentiels contribuant à cette réduction est le retrait des substances actives » alors que « le rôle des pratiques agricoles durables dans la réduction des risques n’est actuellement pas clair et nécessite des études plus approfondies ». L’analyse est la même s’agissant des pesticides les plus dangereux, dont l’usage a baissé de 25%.
L’indicateur HRI sur la sellette
Le rapport nuance toutefois la portée des résultats, rappelant que l’Indicateur de risque harmonisés (HRI) mobilisé par le plan « Zéro pollution » est « simpliste » et qu’il a fait l’objet d’un critique de la part de la Cour des comptes européenne. Mais l’indicateur devrait faire l’objet d’une mise à jour dans les années à venir, sous l’effet de la prise en compte de données plus précises. Dès cette année seront publiées les données sur les ventes de substances actives individuelles.
En 2026, les États membres communiqueront des statistiques sur l’utilisation des pesticides pour un ensemble de cultures les plus courantes tandis que les agriculteurs seront tenus d’enregistrer de mettre en œuvre le registre phytosanitaire électronique. « Ces changements dans la disponibilité des données ont le potentiel de permettre des calculs de risques sur site plus précis et de comprendre les quantités et les tendances précises des pesticides, ainsi que les types de pesticides rejetés dans l’environnement », relève le rapport, qui note également qu’en dépit de la baisse de 46% et 25% des indicateurs, « les concentrations et les impacts environnementaux par exemple dans l’eau ou sur les pollinisateurs, sont toujours élevés » et qu'il n’y a « aucun signe de diminution ».