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Vers moins et mieux de viande ?
Selon le baromètre du Réseau action climat, 1 Français sur 2 affirme avoir réduit sa consommation de viande au cours des trois ans passés et 1 sur 3 l’envisage dans les années à venir, pour des questions d’argent et de santé. Mais des garanties en termes de rémunération des éleveurs, de qualité, de pratiques durables et de réduction de des importations pourraient motiver ceux ne prévoyant pas de baisser leur consommation. Ainsi qu’une impulsion des politiques publiques.
« Aimez la viande, mangez-en mieux » : tel, est depuis 2019, le message porté par Interbev, l’interprofession du bétail est des viandes, et consistant à manger la juste quantité d’une viande de qualité, pour avoir un impact positif sur le terroir et sur la santé, dans une double logique de responsabilité sociétale et de durabilité des systèmes. A en croire les enseignements du baromètre de la consommation de viande des Français, commandité par le Réseau action climat (RAC) et publié le 18 mars, le message pourrait avoir infusé auprès de la population française.
Plus de la moitié des Français (53%) affirment avoir réduit leur consommation au cours des trois dernières années. Les raisons qui sous-tendent cette diminution sont d’abord d’ordre économique pour 52% d’entre eux devant des raisons de santé (38%), de conscience environnementale (35%) et de bien-être animal (33%). Les chiffres sont issus d’une étude Toluna Harris Interactive menée du 2 au 5 février sur un échantillon de 1100 personnes pour le compte du Réseau action climat. Il s’agit de la 3ème étude du genre après celles de 2021 et de 2023.
Dans les faits, la consommation de viande des Français est plutôt stable ces dernières années. Selon les données du ministère de l’Agriculture et de FranceAgriMer, la consommation par habitant s’est rétractée de 1,7% en 2023 pour s’établir à 83,5kg équivalent-carcasse contre 85,2kgec en 2022 et 84,9kgec en 2021.
Le prix, la provenance et le goût
Qu’ils aient ou non diminué leur consommation, les critères d’achat de la viande restent globalement les mêmes. Le prix s’impose ainsi comme le premier critère d’achat cité (55% des consommateurs de viande) devant la provenance locale de la viande (51%), et le goût (50%). Néanmoins les consommateurs ayant diminué leur consommation de viande portent un intérêt accru aux critères environnementaux (viande issue d’un élevage local, respect de l’environnement ou du bien-être animal), d’où l’importance des conditions de production de la viande.
Une dynamique de réduction portée par les arguments de qualité et de soutien à l’agriculture
Pour les années à venir, 1 Français sur 3 prévoit de consommer moins de viande. Au sein des Français qui ont répondu ne pas avoir l’intention de diminuer leur consommation, plus des trois quarts affirment qu’ils pourraient limiter leur consommation de viande si cela permettait d’acheter de la viande de meilleure qualité qui rémunère mieux les éleveurs (79%), si cela permettait de réduire les importations de viande (77%) et si cela permettait de soutenir la production de viande issue d’élevages aux pratiques durables (77%).
Les Français pas tendres à l’égard des politiques publiques
Pour autant, une majorité de Français ne s’estime guère être soutenue par les pouvoirs publics pour les accompagner dans la transition vers une alimentation durable, avec moins de viande (59% des Français), mais de meilleure qualité et française, (63%) et davantage d’aliments végétaux de qualité (fruits et légumes, légumineuses, etc.). Une majorité de Français encore estime que l’Etat n’agit pas assez sur l’information délivrée au consommateur, que ce soit sur l’origine de la viande dans les plats préparés (68%) ou au restaurant (65%). Selon l’étude, les Français se prononcent massivement (83%) en faveur de l’interdiction de la publicité pour les produits alimentaires les plus nocifs pour la santé et la planète, de l’encadrement des échanges entre éleveur et grande distribution (90%) et du développement de l’élevage durable (90%). 85% attendent des pouvoirs publics une sensibilisation à l’alimentation végétale et l’encouragement à manger moins de viande. 78% des Français sont favorables à une aide financière pour les ménages modestes pour pouvoir acheter des aliments bons pour la santé.
Les légumineuses, l’alternative plébiscitée
Dans une perspective de diminution de leur consommation de viande, les Français privilégient comme alternative les légumes secs et les légumineuses (78%), les céréales et les graines (73%) et les aliments peu transformés (60%) qui en sont issus. La consommation d’algues semble recevoir un accueil plus mitigé (38%) tandis que les préparations très transformées (34%) et les insectes (22%) représentent des solutions encore peu envisagées pour le moment. La bonne image des légumineuses est partagée par les Français dans leur ensemble qu’ils soient aujourd’hui engagés ou non dans une diminution de leur consommation de viande. Ils sont loués autant pour leur richesse en fibres et nutriments (88%) que pour leurs avantages en matière économique par rapport à la viande (86%). Ils sont aussi perçus comme ayant des atouts particuliers : faciles à cuisiner (86%) et à faire manger aux enfants (62%). De plus, ils sont une source de fierté, représentant bien le terroir français (86 %).