Vers une baisse des ventes de matériels neufs et d’occasion en 2024

Les concessionnaires pointent la distorsion entre les prix des produits agricoles et celui des matériels, qui a pour effet de pousser les clients vers le magasin de pièces et les prestations en atelier, privilégiant l’entretien à l’investissement... après une année 2023 faste.

Selon une enquête de conjoncture menée auprès de ses adhérents par le Sedima (Syndicat national des entreprises de service et distribution des matériels agricoles, d’espaces verts et des métiers spécialisé), les prises de commande de matériels neufs pourraient baisser de 9 à 10% au second semestre 2024 et celles de matériels d’occasion de 5 à 6%. Si elles se confirment, ses projections marqueraient un fléchissement du marché de l’agroéquipement, avec un premier semestre où les mêmes concessionnaires faisaient état d’une relative stabilité, les prises de commandes de matériels neufs évoluant dans une fourchette comprise entre -1% et +1% et celles de matériels d’occasion entre 0 et +2%.

A l’occasion de la présentation annuelle de son rapport économique, le 12 juin dernier, Axema, le syndicat des industriels, anticipait de son côté une baisse de marché des agroéquipements de 15% en 2024, somme toute relatif après le record enregistré en 2023 (9,1 milliards d’euros, +11,5% sur un an).

La viticulture et les grandes cultures affectées, l’élevage préservé

Selon le Sedima, au cours du premier semestre 2024, « la conjoncture des marchés clients a été parmi les premiers freins à la demande. Dans certaines régions, les marchés ont été particulièrement impactés par les conditions climatiques qui n’ont pas permis aux agriculteurs d’avancer sur les travaux ».

Le Sedima est particulièrement soucieux pour les adhérents du secteur vitiviniculture qui est le plus touché par la diminution des prises de commandes de matériels neufs. Sous l’effet de la baisse des cours des céréales, le secteur des grandes cultures n’est pas épargné, tandis que la tendance est plus favorable pour la polyculture élevage ou les équipements d’élevage.

Conséquence : les stocks de matériels neufs et d’occasion sont de nouveau en hausse et leur niveau est jugé supérieur à la normale par 74% des répondants pour le matériel neuf et par 53% des répondants pour le matériel d’occasion. Mais c’est la trésorerie qui figure en tête des principales préoccupations des distributeurs de matériels agricoles du fait notamment des taux d’intérêt élevés. Depuis le début de l’année, la trésorerie s’est dégradée pour 71% des entreprises. Le Sedima fait par ailleurs état d’une dégradation du crédit client dans 52% des entreprises.

Une hausse des prix de 26% en trois ans

Outre les effets conjoncturels, le syndicat des distributeurs mentionne également la hausse des prix des matériels qui a joué « un rôle important puisque 70% des répondants le place en seconde position dans les freins à la demande ». Selon les données d’Axema, les prix sortis d’usine ont augmenté de 5% en 2021, de 12% en 2022 et de 7,5% en 2023, soit une hausse de 26% en trois ans. Pour 2024, le syndicat des industriels anticipe une hausse réduite à +1%.

L’enquête du Sedima pointe enfin une progression des ventes de pièces en magasin, comprise entre +7 et +8%, ainsi qu’une hausse comprise entre +8 et +10% du chiffre d’affaires des prestations à l’atelier, signe que l’heure est davantage à l’entretien du matériel en parc qu’à l’investissement. Mais la dynamique pourrait cependant s’estomper au second semestre.