Agrivoltaïsme : une définition, deux types, trois critères, sept attentions

L’Agence de la transition écologique (Ademe) a dressé un état de l’art des connaissances sur l’agrivoltaïsme. Il a vocation à aider les parties prenantes à évaluer la pertinence des différents types de projets photovoltaïques sur des terrains agricoles. L'association France Agrivoltaïsme approuve.

« Une installation photovoltaïque peut être qualifiée d’agrivoltaïque lorsque ses modules photovoltaïques sont situés sur une même surface de parcelle qu’une production agricole et qu’ils l’influencent en lui apportant directement, ou un service d’adaptation au changement climatique, ou un service d’accès à une protection contre les aléas, ou un service d’amélioration du bien-être animal ou un service agronomique pour les besoins des cultures, et ce, sans induire ni dégradation importante de la production agricole quantitative et qualitative, ni diminution des revenus issus de la productions agricole » : telle est la définition que vient d’établir l’Agence de la transition écologique (Ademe). Elle est le fruit d’une étude basée sur un état de l’art bibliographique, des entretiens avec des développeurs photovoltaïques et des agriculteurs, le tout sous l’égide d’un comité d’experts multidisciplinaires (photovoltaïsme, agriculture, aspects socioéconomiques, enjeux du foncier agricole, environnement, biodiversité, paysages…).

Des panneaux dans les champs mais aussi sur les hangars et serres

L’Ademe a identifié deux types de couplages entre l’agriculture et le photovoltaïsme relevant de l’agrivoltaïsme. Le premier caractérise un effet de synergie entre la production agricole et la production photovoltaïque sur une même parcelle, l’installation de panneaux apportant une réponse à une problématique agricole telle que protéger d’un ensoleillement excessif, limiter les stress hydriques par un effet d’ombrage, réduire les risques liés aux conditions climatiques (grêle, gel…), améliorer le bien-être animal. Le second couplage est offert par la couverture de bâtiment et serres en panneaux solaires, le photovoltaïsme étant alors considéré comme un moyen d’accéder à ces moyens techniques, offrant de nouvelles opportunités à la production agricole.

Trois critères de qualification, sept points d’attention

Outre la définition et l’analyse des couplages, l’Ademe a développé une grille d’évaluation des projets agrivoltaïques destinée à hiérarchiser et à catégoriser les différents niveaux de pertinence des projets sur la base de trois critères que sont les services apportés à la production agricole, l’incidence sur la production agricole et l’incidence sur les revenus de l’exploitation. A ce gradient de classification s’ajoute l’examen de critères d’attention, destinés à sonder la solidité ou au contraire la fragilité d’un projet. Seps critères ont été définis par l’Ademe, à savoir : la vocation et la pérennité agricole du projet, la réversibilité et le démantèlement du projet, l’adéquation territoriale, les impacts environnementaux et paysagers, les impacts sur les sols, l’adaptabilité du système et enfin la flexibilité technique.

France Agrivoltaïsme approuve

Toutefgois, l’Ademe relève que, « compte tenu du nombre de paramètres à prendre en compte et de la diversité des contextes pédoclimatiques, une analyse au cas par cas des projets se révèle indispensable pour pouvoir les évaluer et les positionner dans le gradient de classification proposé. Ces travaux ont mis en évidence le besoin d’un approfondissement scientifique et d’une mise en commun des connaissances au sujet des projets photovoltaïques sur terrains agricoles ».

L’association France Agrivoltaïsme s’est réjouie du travail de l’Ademe, aux positions totalement convergentes avec ses propres définitions et perceptions, matérialisées dans le récent label Afnor « Projet agrivoltaïque de Classe A sur culture » et que l’association compte bien étendre à l’élevage. « Cette étude doit maintenant servir de référence pour construire un cadre réglementaire et normatif avec deux objectifs : simplifier les procédures tout en garantissant un cadre véritablement protecteur pour l’agriculture et les agriculteurs, a réagi Antoine Nogier, président de France Agrivoltaïsme. Parallèlement, il faudra donner une vraie ambition de développement de cette filière, appelée selon nous à se développer fortement pour répondre aux formidables enjeux auxquels le monde agricole doit faire face, comme à l’enjeu d’une transition énergétique rapide. C’est ce à quoi France Agrivoltaïsme travaille : construire une filière durable, gagnant-gagnant et répondant aux enjeux agricoles et énergétiques de notre pays ».