Biochar, agroforesterie, cultures pérennes : le trio gagnant de la recarbonation des sols

C’est le résultat d’une méta-analyse du Cirad qui pointe également l’effet déstockeur du changement climatique.

L’apport de biochar augmente les stocks de carbone des sols de 66 %, et le gain s’élève à 20 % pour l’agroforesterie et les cultures pérennes : tel est l’un des enseignements d’une étude du Cirad, publiée dans Nature Communications. Le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement a réalisé une synthèse de 230 méta-analyses portant sur les effets de l’usage des terres, des pratiques agricoles et du changement climatique sur le carbone organique du sol.

Issus de la transformation thermique (pyrolyse ou gazéification) de sous-produits de la filière bois, de résidus des récoltes, de déjections solides, de déchets verts ou encore de déchets alimentaires, le biochar est un puits de carbone reconnu par le Giec, au bénéfice de la fertilité des sols, de l’atténuation et de l'adaptation au changement climatique. Son mode d’emploi agronomique et son son modèle économique restent toutefois lacunaires.

Changements d’usage et changement climatique

Selon le Cirad, 2400 milliards de tonnes de carbone stockés dans les deux premiers mètres des sols mondiaux mais se sont délestés de 116 milliards de tonnes de carbone, largués dans l’atmosphère, sous l’effet des changements d’usage des terres.

La conversion d’une forêt en terre agricole entraîne une chute moyenne de 32 % du carbone organique des sols si des cultures annuelles y sont implantées. Mais si ces terres sont cultivées en agroforesterie ou avec des cultures pérennes, les pertes liées à la conversion de sols sont plus modérées, de respectivement -12% et -6,7%, indique le Cirad. Les mêmes effets tampon sont observés lors de la conversion d’une prairie en terre agricole.

Dernier enseignement majeur : les effets du changement climatique sur les stocks de carbone des sols. « Les effets directs du changement climatique, comme par exemple augmentation des températures, modification de la pluviométrie, entraînent des pertes de carbone du sol par hectare 7 à 10 fois plus faibles que le changement d’usage des terres, mais ils se font ressentir sur l’ensemble des terres émergées », indique le Cirad.