Blé : après un rebond fugace, les cours s’effondrent à nouveau sur Euronext, la filière française en alerte
Malgré un contexte climatique plutôt favorable à l’échelle mondiale, le marché du blé reste instable, avec des fluctuations marquées sur Euronext. En France, la vigilance est de mise pour assurer une récolte compétitive face aux défis export et aux incertitudes du marché. Analyse par Alexandre Willekens, consultant chez Argus Media France.
La semaine dernière, le marché du blé sur Euronex a connu un sursaut aussi vif que bref. Après avoir franchi la barre des 210 euros la tonne, le cours est rapidement retombé autour des 200 euros. Ce mouvement s’explique principalement par des ajustements de positions des fonds d’investissement, historiquement vendeurs sur le marché. Ces rachats techniques, plus que des fondamentaux solides, ont généré ce rebond éphémère. Pour les professionnels, il s’agit d’un signal à relativiser : la volatilité de mai, souvent exacerbée par les risques climatiques, n’a pas suffi à installer une tendance haussière durable.
Climat : des conditions globalement favorables, mais des poches de tension
À l’échelle mondiale, la météo reste, comme chaque année à cette période, le principal facteur d’incertitude. Dans l’hémisphère nord, les cultures bénéficient pour l’instant de conditions jugées favorables. En mer Noire, les précipitations régulières et des températures clémentes ont permis un bon développement des blés en Russie, Ukraine et Roumanie. Les premières moissons, attendues fin juin, viendront confirmer ou non ce potentiel prometteur.
Aux États-Unis, autre poids lourd du marché, 50 % des surfaces sont considérées en bonne ou excellente condition, un niveau similaire à celui de l’an passé. Toutefois, la vigilance reste de mise, notamment pour le maïs dont la floraison estivale sera décisive. En revanche, le nord de l’Europe inquiète : un déficit hydrique marqué soulève des questions sur les rendements à venir, notamment en France.
France : Entre dégradation des cultures et enjeu de compétitivité à l’export
En France, la situation est contrastée. Les notations de culture se dégradent, avec 71 % des surfaces jugées en bonne ou excellente condition, un score toutefois supérieur à celui de l’an dernier à la même époque. Cette récolte française sera déterminante pour les capacités d’exportation du pays. Les projections tablent sur un bond des exportations vers les pays tiers, passant de 3 à près de 8 millions de tonnes. Cette ambition impose au blé français de rester compétitif face à la concurrence féroce de la mer Noire et des États-Unis.
À l’aube des premières récoltes et face à un marché toujours aussi volatil, les opérateurs agricoles devront surveiller de près l’évolution des conditions climatiques et les arbitrages des grands fonds. La campagne 2025 s’annonce pleine de défis et d’opportunités pour ceux qui sauront anticiper les prochains mouvements du marché.