Canicule, sécheresse, arrachages : la production viticole 2025 réévaluée à la baisse

Face à la canicule et à la sécheresse d'août, la production viticole française 2025 est estimée à 37,4 millions d'hectolitres, en hausse de 3% par rapport à 2024 mais toujours 13% en dessous de la moyenne des cinq dernières années. Les vendanges précoces et les arrachages marquent cette année contrastée selon les régions.

Alors que les estimations du mois d’août prévoyaient une vendange française entre 40 et 42,5 millions d’hectolitres, le service statistique du ministère de l'Agriculture vient de réviser ce chiffre à la baisse. Selon la dernière note de conjoncture d’Agreste parue le 9 septembre, la récolte atteindrait 37,4 millions d'hectolitres, soit une hausse de 3% par rapport à l'année précédente, mais un recul de 13% comparé à la moyenne quinquennale 2020-2024.

Des conditions climatiques défavorables

L'été 2025 a été marqué par une canicule et une sécheresse particulièrement intense en août, qui ont impacté plusieurs vignobles français. Ces conditions ont réduit la teneur en jus des raisins et accéléré la maturation des baies, entraînant des vendanges précoces dans de nombreuses régions. En Alsace, les vendanges 2025 sont les plus précoces jamais enregistrées, ayant débuté dès le 25 août pour les AOP. Dans le Bordelais, les vendanges ont commencé dès la mi-août, précipitées par les fortes chaleurs.

Une réduction significative des surfaces viticoles

La production est également impactée par une réduction importante des surfaces viticoles. Plus de 20 000 hectares ont été arrachés depuis la dernière récolte, principalement dans le Bordelais (8 000 hectares), le Sud-Ouest (3 500 hectares) et le Languedoc-Roussillon (plus de 10 000 hectares). Une diminution structurelle qui contribue au recul global des volumes.

Des situations contrastées selon les régions

La situation varie considérablement d'une région à l'autre. Dans le Beaujolais, la canicule et la sécheresse en août ont pénalisé le potentiel de production, après la coulure, le mildiou et la grêle en début de saison. La récolte serait la plus faible depuis 2012.

En Languedoc-Roussillon, la production diminuerait de 5% sur un an et de 16% par rapport à la moyenne des cinq dernières années, affectée par la canicule, la sécheresse, les arrachages et les incendies dans l'Aude.

En Alsace, la production reculerait de 11% par rapport à 2024 et de 18% par rapport à la moyenne. Les grappes sont plus petites et moins fournies en baies à cause de la sécheresse.

Dans les Charentes, la production resterait au niveau déjà faible de 2024, et inférieure de 21% à la moyenne des cinq dernières années. La canicule et la sécheresse d'août ont freiné le développement des baies et avancé la maturité, réduisant les rendements. De plus, les quotas de degré alcoolique ont été fixés plus bas qu'auparavant.

Dans le Bordelais, les vendanges ont commencé dès la mi-août, précipitées par les fortes chaleurs. La canicule a affecté les rendements. En dépit des arrachages, la production resterait proche de celle de 2024, qui était réduite, et 15% en dessous de la moyenne quinquennale.

Dans le Sud-Ouest, la canicule et la sécheresse conduisent à une révision à la baisse des rendements par rapport à la première estimation. Les conséquences des orages de fin août dans le Gers restent à évaluer. Malgré l'arrachage de 3 500 hectares, la production serait équivalente à celle de 2024, mais en retrait de 13% par rapport à la moyenne 2020-2024.

Dans le Sud-Est, la canicule d'août a touché plusieurs vignobles, notamment en Ardèche. Malgré ces conditions, la production dépasserait de 7% celle de 2024, tout en restant légèrement inférieure (-4%) à la moyenne quinquennale.

En Bourgogne, la canicule a réduit le jus dans les baies, mais la récolte s'annonce supérieure de 45% à celle de 2024, qui a été fortement affectée par le mildiou.

En Champagne, la hausse serait de 12%, malgré un millerandage marqué lié à une floraison difficile et à des vignes éprouvées par la chaleur en août. La récolte champenoise resterait toutefois inférieure de 10% à la moyenne quinquennale.

Dans le Val de Loire, malgré des épisodes de grêle dans le Centre et une sécheresse localisée en août, la production dépasserait nettement celle de 2024, avec une hausse estimée de 26% et de 6% par rapport à la moyenne.

Dans le Jura, un net rebond est attendu, porté par de bons rendements en Chardonnay, après une récolte 2024 fortement réduite par le gel (hausse de 200% par rapport 2024 et de 38% par rapport à la moyenne).

En Savoie, la sécheresse a pesé sur les volumes, mais la production dépasserait néanmoins celle de l'an dernier (+21%) et la moyenne quinquennale (+12%).

En Corse, les premiers raisins récoltés présentent des rendements en jus plus faibles que prévu, la chaleur en août ayant accéléré leur maturation. La production devrait néanmoins dépasser celle de 2024 de 10% et celle de la moyenne quinquennale de 4%.