Du plomb dans l’aile de l’Agence bio ?

Saisissant au vol les interrogations du Premier ministre sur le bien-fondé des 1000 agences, organes et opérateurs de l’Etat, le sénateur Laurent Duplomb (LR) a défendu un amendement supprimant l’Agence bio, suggérant de transférer ses missions à FranceAgriMer sinon au ministère de l’Agriculture. « Depuis 8 ans, on nous aura tout fait », a réagi le président de la FNAB.

« Est-il nécessaire que plus de 1000 agences, organes ou opérateurs exercent l'action publique », s’est interrogé le Premier ministre François Bayrou lors de sa déclaration de politique générale le 14 janvier. Le sénateur (LR) Laurent Duplomb a saisi la balle au bond et déposé dans la foulée un amendement visant à supprimer l’Agence bio, que le Sénat a adopté lors l'examen des dépenses agricoles du projet de loi finances pour 2025, les 17 janvier. A la clé : une économie annuelle de 2,9 millions d’euros. « Les missions de l’Agence bio, et notamment la gestion du Fonds avenir bio, continueraient toutefois à être assurées. Le soutien financier au bénéfice de l’agriculture biologique serait ainsi bien maintenu », rassure toutefois le sénateur dans son amendement, évoquant la poursuite des missions de l’Agence bio sous l’égide de FranceAgriMer ou du ministère de l’Agriculture.

La ministre de l’Agriculture Annie Genevard a jugé l’idée « pertinente », tout en appelant à la « sagesse ». « Nous devons d'abord travailler avec les acteurs pour rendre cette proposition opérationnelle et vérifier que leurs missions continueront à être exercées dans de bonnes conditions », a-t-elle déclaré lors des débats.

La FNAB, entre râle bio et ras-le-bol

« Depuis 8 ans on nous aura tout fait, on nous met des objectifs de bio en restauration collective que personne ne respecte, on supprime l’aide au maintien parce que le marché doit nous rémunérer puis on a recours à des aides d’urgence ad hoc parce que le marché s’est écroulé, on navigue à vue, c’est du grand n’importe quoi », a réagi dans un communiqué Philippe Camburet, président de la FNAB.

Alors que les bienfaits de l’AB, comme les vocations, ne se démentent pas, les surfaces certifiées ont, pour première fois dans l’histoire récente de la bio, reculé en 2023, pour s’établir à 10,36% de la SAU contre 10,50% un an plus tôt, sous l’effet de la crise inflationniste, de la faiblesse de la commande publique ou encore à la profusion-confusion de labels. Officiellement, la France vise toujours 18% de SAU bio à fin 2027 comme elle s’y est engagée dans son Plan stratégique national.

"Toutes les difficultés de l'agriculture ne peuvent être résolues par des subventions publiques "

« Je suis tout à fait favorable à l'agriculture bio, évidemment, a déclaré Annie Genevard devant les sénateurs. Une agriculture de plus en plus exigeante ne peut être condamnable, mais elle doit trouver son modèle économique, qui ne peut reposer sur l'abondement de l'État. Plus de 100 millions euros en 2023, autant en 2024 : cette politique épuise les finances publiques sans parvenir à assurer à la filière les conditions durables de son maintien. Toutes les difficultés de l'agriculture ne peuvent être résolues par des subventions publiques ».

En attendant la proposition de loi anti-entraves

Créée en 2001, l’Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique, son titre exact, est au service de la promotion et du développement des marchés de l’agriculture biologique, assumant plusieurs missions de service public (gestion de la marque AB, notification des producteurs, publication d’un observatoire…). « Cette Agence d’Etat se trouve portant au cœur du nouveau programme ambition bio lancé en 2024 au salon de l’agriculture par Marc Fesneau, figure de proue de la famille politique de l’actuel Premier ministre », pourfend la FNAB. Sauf que c’est aussi l’actuel Premier ministre qui s’est livré à une attaque en règle de l’OFB dans sa déclaration de politique générale, évoquant une « humiliation » et une « faute », à propos du port d’arme des agents, lesquels ne font pourtant qu'appliquer la loi, en l’occurrence le Code de l’environnement, votée par les parlementaires.

Les 27 et 28 janvier prochains, le Sénat examinera une proposition de loi du même sénateur Laurent Duplomb visant à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur », où il sera notamment question d’abroger une « surtransposition » française relative aux néonicotinoïdes.