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Flambée des intrants : quelles conséquences sur la ferme France ?
[Edito] Cette année encore, les experts internationaux des marchés des grains rassemblés à l’occasion du Paris Grain Day ont conclu à une tendance « neutre à haussière » pour l’année 2022, dans un contexte de forte hausse des prix depuis 18 mois. Pour les matières premières, les signaux sont tout sauf baissiers, avec une demande mondiale forte et une production sous-dimensionnée. Dans ce climat tendu, la moindre étincelle (accident climatique, escalades géopolitiques…) va amplifier davantage la volatilité de ces marchés.
Sur la scène internationale, deux grandes puissances font la pluie et le beau temps sur les cours mondiaux : la Russie, de par son statut de premier exportateur de blé, et la Chine, dont les achats massifs de grains ont siphonné les stocks des grands pays exportateurs.
Le secteur porcin fait actuellement les frais des décisions commerciales chinoises. Après avoir importé d’énormes quantités de viande de porc européenne pendant trois ans, la Chine a subitement stoppé ses achats, provoquant un engorgement du marché européen et un effondrement des prix depuis le mois de juin 2021. Parallèlement, le prix de l’alimentation animale n’a cessé de flamber... en partie en raison de la demande chinoise massive de grains !
« On a changé de paradigme par rapport à ce que l’on a connu ces cinq dernières années sur les marchés », estime Arthur Portier, consultant chez Agritel. Aux incertitudes climatiques habituelles, une nouvelle incertitude apparaît : celle des rendements potentiels pour les céréales, dans un contexte où la flambée du prix des engrais peut entrainer des rationnements d’applications d’engrais azotés dans certains pays.
Le coût des intrants, et notamment des engrais azotés, ne semble pas prêt de baisser. En 12 mois, le cours de l’ammonitrate est passé de 340 à 800 €/t, avec une hausse qui a démarré et s’est amplifiée en septembre et octobre dernier. Pour la campagne 2021-2022, le plus gros des achats des agriculteurs français avait déjà été réalisé avant la hausse.
Mais quid de la prochaine campagne ? Déjà cruciale, la question des coûts de production et de la rentabilité des cultures et des ateliers d’élevage sera d’autant plus importante pour planifier les assolements 2022-2023. Et pourrait entraîner de multiples changements pour la ferme France.