Guerre commerciale : Trump taxe la Chine à 125% puis à 145%, le reste du monde à 10% pendant 90 jours

Après avoir relevé de 34% à 104% les taxes sur les produits chinois, le président américain a annoncé leur relèvement à 125% puis à 145% et décrété une pause de 90 jours avec l’ensemble des autres pays, désormais alignés sur une taxe à 10%. Un revirement téléguidé par les marchés financiers. L’UE suspend ses contre-mesures pour autant de jours.

A la loi du plus fort, exercice auquel il s’adonne depuis son retour à la Maison Blanche, le président américain a peut-être, au moins temporairement, trouvé plus fort que lui : la loi des marchés, comme il en a convenu lui-même. « Je surveillais le marché des obligations. C’est un marché très compliqué », a déclaré Donald Trump mercredi, admettant que ses surtaxes douanières « effrayaient un peu ». Mais ce n’est pas tant la stupéfaction de la soixantaine de pays à travers le monde frappés par des surtaxes comprises entre 10% et 50% qui a ému le président américain que la chute des indices boursiers et la menace pesant sur le financement de la dette américaine., consécutives à la guerre commerciale qu’il a lui-même déclenchée le 2 avril, baptisé « Liberation Day ».

Affirmant que son pays se faisait « arnaquer » depuis des années, Donald Trump avait décrété l’instauration d’une taxe universelle de 10% sur tous les produits entrant aux Etats-Unis à compter du 5 avril, avant d’appliquer des taux pouvant aller jusqu’à 50% à compter du 9 avril à 6h01. Faisant valoir des « droits réciproques », l’administration américaine a en réalité appliqué une équation consistant à diviser le déficit d’un pays par les importations, avant une multiplication par 100 pour obtenir un pourcentage, le tout divisé par deux.

La surenchère sino-américaine, la riposte européenne

A ce petit calcul un brin fantasque et dévoyé, l’Europe héritait d’une surtaxe de 20% et la Chine de 34%, quand certains pays, parmi les plus pauvres de la planète, étaient taxés à 50% et que d’autres, tels que la Russie, la Biélorussie, la Corée du nord ou encore Cuba étaient épargnés. Jusqu’au 9 avril à 13h18, Donald Trump annonçant sa décision de suspendre avec effet immédiat et pendant 90 jours ses hausses de droits de douane pour les ramener à 10 % pour tout, à l’exception de la Chine, désormais taxée à hauteur de 125% après que Pékin ait appliqué une surtaxe de rétorsion de 34%, relevée à 84% ce jeudi. Avant qu’un décret de la Maison Blanche ne porte finalement la taxe à 145% ce même jour (faut suivre).

Mercredi, l’Union européenne a fait connaître les termes de sa première riposte, relative à l’instauration de taxes de 25% imposées sur l'acier et l'aluminium par Washington mi-mars. Elle concerne des produits américains comme les motos, le soja ou la volaille et doivent entrer en vigueur pour certaines à la mi-mai, pour d’autres tels que le soja et les amandes en fin d’année, pour un montant supérieur à 20 milliards d'euros de marchandises américaines. Bruxelles a en revanche choisi d'épargner le bourbon de sa liste de produits ciblés, plusieurs pays producteurs de vin, dont l'Italie et la France, redoutant des représailles contre les vins et spiritueux européens.

La riposte européenne aux droits de douane de 20%, décrétés par le président américain le 2 avril, devait être présentée en début de semaine prochaine. La dernière volte-face (en date) de Donald Trump pourrait rebattre les cartes.

L’UE suspend ses contre-mesures pour 90 jours

La présidente de la Commission européenne a salué l’annonce du président américain, évoquant « une étape importante vers la stabilisation de l’économie mondiale », plaidant en faveur « d'un accord tarifaire zéro pour zéro entre l'Union européenne et les Etats-Unis ». Dans la foulée, Ursula von der Leyen a annoncé suspendre pendant 90 jours les contre-mesures annoncées mercredi. « Si les négociations ne sont pas satisfaisantes, nos contre-mesures entreront en vigueur », a-t-elle déclaré, tout en indiquant que les travaux préparatoires à de nouvelles contre-mesures se poursuivaient.