Influenza aviaire : les spécificités de l’élevage de plein-air reconnues ?

A la veille d’un hiver de tous les dangers, la Confédération paysanne affirme avoir obtenu des garanties de la Direction générale de l’alimentation (DGAL), à la suite d’une occupation de ses locaux le 25 octobre.

« Après avoir reçu une délégation, la directrice générale de l’alimentation a reconnu devant les paysan.nes présents, la spécificité des élevages plein-air et paysans et la nécessité d’adapter les mesures sanitaires. Après quatre épidémies en cinq ans, la DGAL entre-ouvre enfin une porte ! ». Dans un communiqué, la Confédération paysanne annonce avoir obtenu des gages de la part de Direction générale de l’alimentation (DGAL). Ou plus exactement un gage. « Elle [la DGAL] propose le lancement d’une expérimentation d’analyse de risques à l’échelle de chaque élevage », affirme la Conf’, qui conteste la politique sanitaire du ministère de l’Agriculture et qui lui a fait savoir en investissant ses locaux le 25 octobre.

Les requêtes de la Conf’ et du Modef

La concession de la DGAL répondrait au moins en partie aux exigences de la Conf’ qui, à l’issue d’un ajustement de la politique sanitaire adopté en juillet dernier avec les parties prenantes, s’était désolidarisée de la feuille de route mise en œuvre à l’automne 2021. Cette dernière instaurait le confinement unilatéral des volailles en situation de risque « élevé », et de celles situées en Zones à risque particulier et en Zones à risque de diffusion en situation de risque « modéré », mettant fin à la possibilité de déroger à la claustration pour les petits élevages, ce à quoi ne se résolvent pas la Conf' et le Modef, qui demandent que les analyses de risque soient adaptées à chaque élevage, ouvrant la voie à des adaptations aux règles de biosécurité. Elles plaident également pour l’introduction de mises à l’abri alternatives aux bâtiments afin de respecter les conditions de l’élevage de plein-air. Elles réclament aussi une évaluation de la résistance génétique de certaines races rustiques aux virus d’influenza aviaire.

L’hiver de tous les dangers... et d’un espoir

Ce (petit) acquis de la Conf’ intervient sur fond de péril potentiellement grave pour l’ensemble de la filière, avec une épizootie obsédant tout le territoire. La grippe aviaire qui n’a pas pris de vacances cet été, affectant la faune sauvage et même prématurément quelques élevages localisés dans le Nord et dans la Somme.

Le 19 octobre dernier, le ministère de l’Agriculture a décrété, entre autres mesures, le confinement des volailles en Bretagne et en Pays de la Loire, ainsi que dans les Deux-Sèvres, tandis qu’un premier foyer était détecté dans le Sud-Ouest, plus exactement en Dordogne, le 21 octobre. En date du 25 octobre, 36 foyers sont recensés en élevage.

Pour déjouer une nouvelle catastrophe, après les 20 millions d’animaux abattus en 2021-2022, les filières se sont engagées en juillet dernier à renforcer la détection, la surveillance programmée et la biosécurité, via la réalisation d’autotests et d’audits de biosécurité en élevage ou encore la télédéclaration des mouvements d’animaux. Le nouveau plan d’action du ministère de l’Agriculture acte aussi le principe d’une dédensification des ateliers de canards gras dans le Sud-Ouest.

Cet hiver de tous les dangers sera peut-être aussi d’un espoir, celui porté par l’expérimentation de la vaccination.