De l’innovation à la massification, un AMI qui veut du bien à la transition phytosanitaire

Dans le cadre de la Stratégie Ecophyto 2030, le gouvernement lance un Appel à manifestation d’intérêt (AMI) destiné à accélérer le déploiement et la massification de solutions alternatives à l’utilisation des produits phytos, angle mort de la transition phytosanitaire.

Dépasser le stade de la recherche appliquée circonscrite à quelques fermes pilotes et aboutir à la généralisation de méthodes éprouvées : tel est l’objet de l’appel à manifestation d’intérêt lancé le 16 juillet par le gouvernement dans le cadre de la Stratégie Ecophyto 2030, dévoilée en mai dernier. Il s’intitule PRAAM pour « Prise de risque amont aval et massification de pratiques visant à réduire l’usage des produits phytopharmaceutiques sur les exploitations agricoles ».

Opéré par Bpifrance et ouvert jusqu’au 29 novembre, l’AMI n’est assorti d’aucun accompagnement financier mais il a vocation préparer le futur appel à projet PRAAM, qui sera lancé au premier semestre 2025 et qui lui sera doté de 90 millions d’euros.

Les freins à la massification des solutions alternatives

Qu’elle soit publique ou privée, la R&D est aujourd’hui riche de solutions alternatives qui, combinées et déployées à grande échelle, seraient de nature à franchir le mur de la transition phytosanitaire, alors que la pression et les impacts des pesticides sur la santé humaine et sur l’environnement sont largement documentés. Mais un certain nombre de barrières socio-économiques entrave les transitons. On peut notamment citer  le manque de références et le manque de capacité à s’approprier techniquement les alternatives, en lien avec des déficits de formation, de diffusion et de conseil adaptés ou encore des déficits d’incitation au changement de pratiques. Sont également prégnants le défaut sinon l'insuffisance de couverture du risque encouru par l'agriculteur au moins dans la phase initiale de transition, l’inadéquation entre la durée des financements accordés aux projets et le pas de temps requis par la transition ou encore la vulnérabilité des modèles économiques des systèmes vertueux, tant pour les agriculteurs que pour les filières.

L’absence d’approche combinatoire, consistant à mobiliser plusieurs leviers agroécologiques, ou encore le défaut d’approche territoriale, consistant à agir collectivement contre des bioagresseurs, constituent d’autres freins à la massification des transitions, que l’AMI puis l’AAP PRAAM doivent contribuer à lever.