La Conf’ réclame une aide d’urgence de 15.000€ par exploitation bio

La Confédération paysanne souhaite par ailleurs que soit redistribuées dès cette année les aides qui ne seront pas versées au titre de la conversion, qui pourraient représenter environ 50% de l’enveloppe annuelle de 340 millions d’euros du second pilier de la Pac.

15.000 euros pour chacune des 58.000 exploitations bio, soit une enveloppe de 870 millions d’euros : c’est ce que réclame la Confédération paysanne pour soutenir la filière bio, aux prises à la première crise de son histoire. « Rapporté aux 270 millions d’euros accordés l’an passé à 5.500 producteurs de porc, un tel niveau de soutien à l’agriculture biologique serait relatif, déclare Laurence Marandola, secrétaire nationale de la Conf’, qui évoque également les aides aux filières betteravières et viti-vinicoles. « 15.000 euros, c’est bien en deçà des pertes évaluées par la commission bio du Cniel au sein des élevages laitiers bio, poursuit la secrétaire nationale. Dans le secteur du lait, les opérateurs spécialisés, tel que Biolait, ou encore les éleveurs situés en zone de montagne sont les plus affectés par la crise ».

La Conf’, qui met aussi dans la balance les aménités positives de la bio sur la qualité de l’eau et la biodiversité, estime que l’individualisation de l’aide d’urgence serait trop lourde et trop longue à mettre en place.

Des annonces au Salon de l’agriculture ?

Le gouvernement profitera-t-il du Salon de l’agriculture pour faire des annonces, sachant que la FNSEA, les JA mais également l’ensemble des filières, sur l’ensemble de la chaine (producteurs, transformateurs, distributeurs spécialisés) sont sur la même longueur d’onde ? Pour le moment, le ministère de l’Agriculture s’en tient aux annonces qu’il a faites en décembre dernier lors des 13èmes Assises de l’agriculture et de l’alimentation biologique, à savoir : 5 millions d’euros de plus pour le Fonds Avenir bio en 2023 (soit un total de 13 millions d’euros), 750.000 euros en soutien à une nouvelle campagne de communication (à laquelle contribueront toutes les interprofessions) et le renforcement des moyens financiers accordés à l’Agence bio.

Une Maec bio pour récupérer les fonds de la conversion ?

Pour le Conf, il faudra plus que de la « comm’ » et de « l’incitation à la consommation » de produits bio pour éviter une vague de déconversion. En plus de l’aide d’urgence, la Conf’ demande à ce que les aides à la conversion qui ne seront pas consommées, pour cause de désertion des candidats, soient reversées aux agriculteurs convertis. « Je n’imagine pas que plus de la moitié de l’enveloppe soit dépensée », affirme Laurence Marandola.

Pour la Conf’, la solution technique pourrait par exemple passer par la création d’une Maec dédiée à la bio. « Cette aide d’urgence fait sens si on l’accompagne de mesure de moyen terme pour ne pas risquer de replonger dans deux ans », déclare Nicolas Girod, porte-parole du syndicat. Outre la compression des marges des distributeurs, la Conf’ attend de l’Etat qu’il mette pleinement en œuvre un article de la loi Egalim qui impose à la restauration collective publique des achats à hauteur de 50% de produits sous signe de qualité, dont 20% de bio. Selon le ministère de l’Agriculture, le taux se situe actuellement entre 6% et 7%. La Fnab demande de son côté à ce que le taux de 20% soit contraignant d’ici à 2027.