Pour ses 40 ans, la bio se voit souffler 14,3 millions d’euros

Le ministère de l’Agriculture a décidé d’amputer de 5 millions d’euros le budget communication de l’Agence bio et de 9,3 millions d’euros le Fonds avenir bio, au grand dam de la filière. Propriété du ministère, le label AB fête ses 40 ans cette semaine avec pour l’occasion le lancement d’une campagne de communication, « c’est bio la France ».

Alors que la filière se demande ce que le gouvernement va faire du reliquat de centaines de millions d’euros du budget de la Pac, pour cause d’encalminage des conversions depuis le début de la programmation 2023-2027, le ministère de l’Agriculture a notifié mardi à l’Agence bio sa décision de supprimer 5 millions d'euros du budget de la communication et de réduire de 18 millions à 8,7 millions d’euros la dotation du Fonds Avenir bio. « Dans un contexte budgétaire compliqué avec le tarissement du plan de relance et de la planification écologique, le ministère priorise les crédits sur la structuration de la filière en concertation avec les professionnels », a indiqué le ministère à l'AFP.

En 2024, la filière bio avait pourtant obtenu des éléments de réassurance avec la présentation du Programme ambition bio 2027, censé enrayer la première crise de l’histoire de la bio, coutumière de taux de croissance à deux chiffres, avant que la crise inflationniste, la faiblesse de la commande publique ou encore la profusion-confusion de labels ne viennent saper la dynamique, ce à quoi il faut ajouter une communication lilliputienne. Et donc promise à rapetisser encore.

"Le Fonds Avenir Bio n’est pas un gadget budgétaire "

La loi d’orientation agricole a de son côté réaffirmé l’objectif de 21% de SAU bio en 2030. « Cette décision intervient après que le ministère a lui-même demandé une refonte totale du concept de communication de la campagne, refonte qui a coûté une bonne partie du budget 2024 », fulmine la Fnab dans un communiqué. « Le Fonds Avenir Bio n’est pas un gadget budgétaire », a réagi de son côté Jean Verdier, président de l’Agence bio, qui accuse le gouvernement « d’abandonner toute une filière dévouée à la souveraineté alimentaire de la France.  Alors que ce fonds a construit avec succès depuis 15 ans plus de 350 infrastructures pour du bio « made in France » et maintenu la création de valeur sur le territoire, le tissu de PME qu’il a financées est en péril. Chaque euro financé par l’Agence BIO fédère entre 2 et 3 euros d’argent public et privé ; le désengagement de l’Etat va donc occasionner le désengagement de fonds, de banques, de financeurs ».

De l’Agence bio à l’Agence sur le « billot »

Si les budgets de l’Agence bio sont soumis à la décroissance, en début d’année, c’est carrément l’Agence bio, qui a failli passer sur le billot après que le Sénat ait voté un amendement entérinant sa suppression. Une idée jugée « pertinente » par la ministre de l’Agriculture avant que le gouvernement, engagé dans une chasse aux économies et aux agences de l’Etat, ne se ravise. Mais manifestement, un coup de hachoir esquivé peut cacher un passage à la mandoline.

Créée en 2001 et réunissant producteurs, transformateurs et distributeurs, l’Agence bio exerce trois missions d’intérêt général que sont la promotion de l’AB auprès des consommateurs, l’analyse des marchés et la structuration des filières avec comme bras financier le Fonds Avenir bio.

La fête anniversaire un peu moins « bielle »

Alors que alors que les bienfaits de l’AB, sur la qualité de l’eau et la biodiversité notamment, comme les vocations, ne se démentent pas, les surfaces certifiées risquent, pour la troisième année consécutive, de ne pas décoller des 10%. « Le ministère vient de trouver 30 millions d’euros pour sauver la filière noisette qui représente 350 fermes en France, mais ses poches sont vides quand il s’agit des 60.000 fermes bio qui produisent une alimentation saine et protègent les ressources » enrage Loic Madeline, co-président de la Fnab. Programmée jeudi, la fête anniversaire du label AB autour de la campagne « c’est bio la France » risque d’être un peu moins « bielle ».